Le député UMP de Paris Claude Goasguen, cité à comparaître pour diffamation par le Conseil français du culte musulman (CFCM) devant le tribunal correctionnel de Nîmes, a défendu vendredi des propos qu'il avait tenus en février sur les jeunes musulmans.
Le CFCM reprochait à M. Goasguen d'avoir déclaré le 2 février à Paris, lors d'une soirée de gala d'une association juive KKL (fonds pour la création d'Israël): "Cette Shoah terrible qu'on n'ose plus enseigner dans les lycées tant on a peur de la réaction des jeunes musulmans qui ont été drogués dans les mosquées".
"Il n'y a rien de diffamatoire", a affirmé M. Goasguen devant le tribunal, disant s'être appuyé sur un rapport de l'Inspection générale de l?Education nationale de 2004 sur l'antisémitisme et le racisme. "Ce rapport dit qu'on a effectivement des difficultés pour enseigner la Shoah en France. C'est un devoir pour un parlementaire de le dire", a déclaré M. Goasguen, regrettant toutefois d'avoir employé le mot "drogués", un mot mal choisi auquel il préfère "intoxiqués".
"Je ne dis pas qu'on fume des pétards dans les mosquées. Je dis que la radicalisation gagne un certain nombre de mosquées. Le président du CFCM, M. Dalil Boubakeur, dit exactement la même chose. Et je le soutiens", a ajouté le député et maire du 16e arrondissement de Paris.
Le CFCM, par la voix d'Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, n'a pas voulu croire dans la bonne foi du député, rappelant que ses propos avaient été tenus "en pleine campagne électorale" des municipales.
Le jugement a été mis en délibéré au 16 janvier. Le parquet ne s'est pas prononcé. Le CFCM a réclamé 5.000 euros de dommages et intérêts et 1.500 euros au titre des frais de justice.
M. Goasguen a regretté d'avoir dû s'expliquer devant un tribunal: "J'avais proposé un débat politique. Il a été refusé. () C'est l'intérêt général de la France qu'on n'ait pas trop ce genre de débats dans un pays en difficultés".
"Si ce sujet vous inquiète tant, pourquoi à l'Assemblée n'avoir jamais interrogé le gouvernement ?", lui a demandé l'avocate du CFCM, Me Khadija Aoudia. "Puisque vous m'en donnez l'idée, je vais le faire dès mardi", a rétorqué M. Goasguen.
M. Goasguen "parle bien de drogue. La mosquée, c'est un lieu de prière, pas un lieu de débauche. Il a attaqué des mosquées entières qui sont choquées", a insisté M. Zekri.
Me Jean-Marc Fedida a plaidé en revanche la nullité de la procédure. "M. Zekri, vous le procureur des musulmans de France, j'ai le droit de penser que les prêches des djihadistes, des salafistes sont un problème et un danger. Et lorsque je suis député, j'ai le devoir de le dénoncer", a-t-il affirmé.
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