Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi l'interdiction des grenades offensives à l'origine du décès de Rémi Fraisse, mais est resté ferme face à ceux qui l'accusent d'avoir tenté de cacher la vérité sur la mort du jeune militant écologiste.
Les PV d'audition des gendarmes témoins du drame, rendus publics mercredi par Le Monde et Mediapart, ont relancé les accusations sur une volonté supposée des autorités de dissimuler les causes de la mort du jeune homme, tué le 26 octobre par une grenade offensive sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn).
Toute la journée de jeudi, Bernard Cazeneuve s'en est, de nouveau, vigoureusement défendu. Ces procès-verbaux "n'ont jamais été portés à ma connaissance, ces éléments-là ont été portés à la connaissance de ceux qui font l'enquête", c'est-à-dire à la justice, a assuré le ministre sur France Inter.
Sa ligne de défense n'est pas nouvelle: il s'est toujours interdit de parler avant la justice dans cette affaire.
Dans un souci de transparence, il a également rendu public dans la soirée un rapport administratif commandé après le décès de Rémi Fraisse "sur les conditions du maintien de l'ordre en France et de l'utilisation d'un certain nombre de munitions de maintien de l'ordre".
Après avoir suspendu l'usage des grenades offensives utilisées par la gendarmerie, il en a finalement annoncé jeudi l'interdiction "parce que cette munition a tué un jeune garçon de 21 ans et que cela ne doit plus jamais se produire"
Le ministre a parallèlement annoncé un "durcissement des modalités d'emploi de grenades lacrymogènes à effet de souffle", qui se fera désormais en binôme, et souhaité que le libellé des sommations faites par les forces de l'ordre soit "revu" et "complété" par une "information visuelle".
- Pas de consignes de fermeté -
Cette enquête administrative avait été confiée aux inspections générales de la gendarmerie et de la police dont les résultats avaient été promis "sous huit jours" par François Hollande lors de son intervention télévisée il y a une semaine.
"J'ai promis à la famille la vérité, à son père et à sa mère", avait dit le chef de l'Etat. "Il y aura donc des enquêtes qui tout de suite ont été diligentées par le ministre de l'Intérieur: une première pour savoir ce que sont exactement ces grenades, qui sont utilisées depuis 50 ans, qui jusque-là n'avaient pas tué, et pourquoi il s'est passé là un drame."
Le directeur général de la gendarmerie nationale, Denis Favier, est lui aussi monté au créneau jeudi assurant sur RTL qu'"en aucun cas" le lien entre le tir d'une grenade offensive et la mort de Rémi Fraisse n'avait pu être établi dans la nuit du décès, ni le lendemain des faits.
L'un des avocat de la famille Fraisse, Arié Alimi, affirme au contraire que les circonstances de la mort ont été connues dès les minutes qui ont suivi le tir de grenade.
Bernard Cazeneuve a par ailleurs réaffirmé ne pas avoir donné de consignes de fermeté aux forces de l'ordre pour encadrer les manifestations contre le barrage de Sivens le soir du drame.
Selon des informations publiées mercredi par Le Monde et Mediapart, le commandant du groupement de gendarmes mobiles de Limoges, qui opérait à Sivens le 26 octobre, a déclaré sur procès-verbal trois heures après le décès que le préfet du Tarn leur "avait demandé de faire preuve d'une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toute forme de violences envers les forces de l'ordre".
Pendants ce temps, les manifestations sporadiques de lycéens protestant contre la mort de Rémi Fraisse se sont poursuivies jeudi. Quelques centaines d'entre eux ont défilé à Paris, tandis que 350 jeunes se sont rassemblés en assemblée générale à l'Université Rennes 2 avant une manifestation pacifique de 150 d'entre eux.
Rémi Fraisse a été inhumé mercredi dans la plus stricte intimité.
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