Après la Première Guerre mondiale, la rose de Verdun fleurissait les tombes des poilus. Près de cent ans plus tard, un lycée horticole des Vosges tente de relancer la culture d'une fleur tombée dans l'oubli.
Tout est parti d'un hasard. Il y a quelques années, un Verdunois, Marc Petit, se balade dans la roseraie de L'Haÿ-les-roses en banlieue parisienne et tombe, sans le chercher, sur un rosier de Verdun, raconte Martine Pergent, présidente de l'association Agir pour le Verdunois.
Il tente alors de remonter le fil: cette fleur a été créée en 1918 par les frères Barbier à Orléans, en hommage aux 163.000 combattants français tombés lors de l'interminable bataille de Verdun en 1916.
- Dans les pas d'un illustre pépiniériste -
Petites fleurs fuchsia, tirant sur le violet, la rose de Verdun est issue d'une hybridation avec un petit polyantha datant de 1875 et une autre variété, inconnue.
Les Barbier avaient déjà donné naissance à la rose de la Marne en 1915.
L'histoire est aussi belle que piquante, et à quelques années du centenaire, l'association, qui milite en faveur du rayonnement de Verdun décide, bille en tête, de relancer cette fleur.
Seulement voilà: la roseraie du Val-de-Marne ne vend pas ses plants. L'association Agir pour le Verdunois écrème alors les conservatoires et retrouve sa trace à Rosiers-sur-Loire (Maine-et-Loire) chez un pépiniériste. Il ne lui reste que six plants.
L'association les achète tous et contacte le lycée horticole de Roville-aux-Chênes dans les Vosges pour l'aider à les "multiplier".
De là naît un projet pédagogique "pluridisciplinaire": des élèves de 3e sont chargés de développer la production, de mettre au point une fiche technique d'entretien, avec en toile de fond bien entendu un travail sur la mémoire et le patrimoine horticole lorrain, explique Isabelle Bezault, professeur d'histoire-géographie.
"Le lycée travaille beaucoup sur les fleurs de conservation. Entre 1870 et 1914, Nancy était une capitale artistique et horticole sous l'impulsion du pépiniériste Victor Lemoine. C'est le père des lilas à fleurs doubles, le plus vendu au monde, des fuchsias, des bégonias +Gloire de Lorraine+. Mais la Première Guerre mondiale a fait péricliter l'horticulture lorraine", raconte Didier Debut, professeur technique d'horticulture.
C'est lui qui a piloté les aspects techniques du projet "rose de Verdun". Il décrit des "petites fleurs groupées rouge, d'un port dressé, de 90 centimètres de haut en moyenne". Le rosier n'est pas très odorant mais très florifère.
Hormis un coup de gel la première année qui a poussé les pots sous serre, la multiplication s'est plutôt bien passée. La première année, le lycée réussit à produire 18 rosiers. Cette année, il devrait en sortir 200 à 300.
- Une rose couleur poilus -
Et depuis 2012, il est commercialisé à 18 euros pièce par un pépiniériste de Verdun.
Il y a les passionnés d'histoire qui l'achètent, les familles qui ont perdu un proche pendant la guerre et souhaitent l'honorer dans leur jardin et les gens de la région, détaille Martine Pergent.
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