Le ministre de l'Intérieur et le patron de la gendarmerie se sont de nouveau défendus jeudi d'avoir voulu cacher la vérité sur la mort de Rémi Fraisse, Bernard Cazeneuve promettant d'annoncer rapidement des "dispositions" sur les conditions du maintien de l'ordre.
Les PV d'auditions des gendarmes témoins du drame, rendus publics mercredi par Le Monde et Mediapart, ont relancé les accusations sur une volonté supposée des autorités de dissimuler les causes de la mort du jeune manifestant, tué par une grenade offensive selon le procureur, sur le site du barrage de Sivens (Tarn).
Bernard Cazeneuve s'en est vigoureusement défendu. Ces procès-verbaux "n'ont jamais été portés à ma connaissance, ces éléments-là ont été portés à la connaissance de ceux qui font l'enquête", c'est-à-dire à l'autorité judiciaire, a affirmé le ministre sur France Inter.
La ligne de défense du ministre de l'Intérieur n'est pas nouvelle: il s'est toujours interdit d'avoir parlé dans cette affaire avant la justice.
Le ministre a également promis qu'il allait "dans les heures qui viennent" rendre "public un rapport" commandé "immédiatement après le décès de Rémi Fraisse sur les conditions du maintien de l'ordre en France et de l'utilisation d'un certain nombre de munitions de maintien de l'ordre".
Cela vise les grenades offensives utilisées par les gendarmes à Sivens qui sont à l'origine du décès de Rémi Fraisse et dont il a suspendu l?utilisation deux jours après la mort du manifestant.
Selon plusieurs sources, il pourrait interdire définitivement l'usage de ce type de grenades dont seuls sont en possession les gendarmes mobiles chargés du maintien de l'ordre.
- Pas de consignes de fermeté -
Une enquête administrative a été confiée à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) dont les résultats ont été promis "sous huit jours" par le président François Hollande lors de son intervention télévisée la semaine dernière.
"J'ai promis à la famille la vérité, à son père et à sa mère", avait dit le chef de l'Etat. "Il y aura donc des enquêtes qui tout de suite ont été diligentées par le ministre de l'Intérieur: une première pour savoir ce que sont exactement ces grenades, qui sont utilisées depuis 50 ans, qui jusque-là n'avaient pas tué, et pourquoi il s'est passé là un drame."
Le directeur général de la gendarmerie (DGGN), Denis Favier, est lui aussi monté au créneau jeudi assurant sur RTL qu'"en aucun cas" le lien entre le tir d'une grenade offensive et la mort de Rémi Fraisse n'avait pu être établi dans la nuit du décès, ni le lendemain des faits.
L'un des avocat de la famille Fraisse, Me Arié Alimi, affirme au contraire que les circonstances de la mort ont été connues dès les minutes qui ont suivi le tir de grenade.
Bernard Cazeneuve a par ailleurs réaffirmé ne pas avoir donné de consignes de fermeté aux forces de l'ordre pour encadrer les manifestations contre le barrage de Sivens le soir où Rémi Fraisse est décédé.
Selon des informations publiées mercredi par Le Monde et Mediapart, le commandant du groupement de gendarmes mobiles de Limoges, qui opérait à Sivens le 26 octobre, jour de la mort de Rémi Fraisse, a déclaré sur procès-verbal trois heures après le drame que le préfet du Tarn leur "avait demandé de faire preuve d'une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toute forme de violences envers les forces de l'ordre".
Pendants ce temps, les manifestations sporadiques de lycéens protestant contre la mort de Rémi Fraisse se sont poursuivies jeudi. Quelques centaines d'entre eux ont défilé à Paris, tandis que 350 jeunes se sont rassemblés en assemblée générale à l'Université Rennes 2 pour lancer un appel à manifester en ville dans l'après-midi.
Rémi Fraisse, 21 ans, a été inhumé mercredi dans la plus stricte intimité.
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