La police indienne a arrêté le chirurgien ayant conduit samedi l'opération de stérilisation de masse qui a coûté la vie à 13 femmes, un drame qui relance les appels des ONG en faveur d'une réforme du planning familial.
R.K. Gupta a été arrêté mercredi soir pour être interrogé sur le déroulement de ces opérations à la chaîne qui ont tourné à la catastrophe et déclenché un mouvement de colère dans l'Etat du Chhastigarh, dans le centre du pays.
Le médecin a opéré en cinq heures 83 femmes qui avaient été indemnisées 1.400 roupies (près de 20 euros) dans le cadre d'un programme de stérilisation financé par l'Etat pour limiter la croissance de la population.
"Il a été arrêté. Il sera présenté dans l'après-midi à un tribunal", a dit Pawan Deo, responsable de la police du district de Bilaspur, par téléphone à l'AFP.
La police doit saisir l'équipement utilisé pendant les opérations, a-t-il précisé, craignant qu'il ait pu être infecté. Quatorze femmes sont toujours hospitalisées dans un état critique.
Le médecin a assuré pour sa part qu'il avait été pressé par le gouvernement de l'Etat de conduire ces opérations à la chaine et il a mis en cause les médicaments administrés pour ces interventions.
"Ce n'est pas ma faute, l'administration m'a mis sous pression pour que je remplisse les objectifs", a dit Gupta cité par la chaine NDTV.
"Les opérations se sont bien passées mais le problème vient des médicaments qui ont été donnés aux femmes", a-t-il assuré.
Le gouvernement du Chhattisgarh a interdit la vente de six médicaments, craignant qu'ils ne remplissent pas les conditions d'utilisation, selon l'agence Press Trust of India.
- Consentement forcé ? -
La stérilisation est l'une des méthodes les plus répandues de planning familial en Inde, où nombre d?États organisent des stérilisations de masse visant généralement les femmes des zones rurales, en théorie toutes volontaires mais souvent mal informées, selon les ONG.
Les victimes ont commencé à vomir et à souffrir d'une baisse de la pression sanguine peu après l'opération. Elles ont subi une stérilisation par voie laparoscopique, procédé censé être peu invasif. L'intervention consiste à bloquer les trompes utérines.
Neelu Bai, adolescente de 16 ans, a assuré que sa mère Meera était morte après avoir accepté cette opération intervenue seulement dix mois après l'accouchement de son quatrième enfant.
"Elle a commencé à vomir après le retour à la maison. Le médecin a dit qu'elle vomissait parce qu'il faisait chaud. Il lui a demandé de prendre un autre médicament" contre les vomissements, a-t-elle dit à NDTV.
Le gouvernement régional a suspendu quatre responsables du secteur de la santé et lancé une enquête. Mercredi des habitants en colère ont défilé dans les rues de la capitale de l'Etat, Raipur, pour demander la démission du chef de l'exécutif local.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) estime que l'Inde a un lourd passé de décès dus à une stérilisation, en partie parce que les employés du secteur de la santé sont poussés à recruter à tout prix des femmes pour remplir des objectifs mensuels "informels".
Selon HRW, certains risquent des baisses de salaires ou même le renvoi dans au moins un Etat de l'Inde, s'ils ne remplissent pas ces objectifs, censés ne pas exister.
"L'accès à l'information, l'information sur le consentement et la qualité des services sont souvent sacrifiés au profit d'une approche centrée sur les objectifs", explique la chercheuse Aruna Kashyap, cité sur le site de l'ONG.
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