L'Autorité des marchés financiers (AMF) pourrait rapidement siffler la fin de la partie qui se joue depuis 18 mois sur Club Méditerranée, devenue la plus longue offre publique de l'histoire de la place parisienne.
Il revient au gendarme de la Bourse, peu amusé par l'évolution du dossier, de laisser ou non se prolonger la lutte pour la marque aux trois tridents, spécialiste des clubs de vacances.
Le collège de l'AMF devait se réunir jeudi matin. La position de l'AMF devrait être connue dans la journée, alors que le chinois Fosun envisage de relever son offre après la nouvelle offensive mardi de l'homme d'affaires italien Andrea Bonomi.
Le camp Fosun est "confiant d'avoir le temps de faire une nouvelle offre de surenchère, si tel est son souhait", a dit mercredi soir à l'AFP une source proche du dossier.
L'AMF peut choisir de proroger au-delà du 20 novembre la clôture des deux offres en concurrence. Elle pourrait aussi fixer une date butoir ultime pour une "dernière enchère", ce qui serait une première. Cette procédure prévue dans son règlement n'a jamais été utilisée.
Le vice-président du conseil d'administration de Club Méditerranée, l'indépendant Georges Pauget, prônait dès le 9 octobre d'arrêter les frais, estimant que "cette affaire a trop duré" et entrave la bonne marche de l'entreprise.
Jusqu'à présent, le dossier le plus long de la Bourse de Paris était l'offre de la société immobilière Icade sur sa concurrente Silic, qui avait traîné en longueur en 2012-2013 pour cause de recours judiciaires.
Le cas du Club Med, initié le 27 mai 2013, établit un nouveau record de longévité, a confirmé l'AMF à l'AFP.
L'OPA amicale lancée par les actionnaires Fosun et Ardian, soutenus par le management de Club Med, offrait dans sa première mouture 17 euros par action et valorisait le groupe à 540 millions d'euros.
Elle a ensuite été relevée à 17,50 euros par action mais, contestée en justice par des actionnaires minoritaires, a dû attendre jusqu'en avril 2014 un feu vert judiciaire.
Andrea Bonomi, héritier d'une dynastie financière milanaise, s'est entretemps invité dans la partie et rivalise avec le milliardaire Guo Guangchang qui préside Fosun.
Le groupe chinois détient aujourd'hui 18,3% du capital de Club Med. M. Bonomi et ses soutiens ont 15,9% mais pourraient monter bientôt à 18,9%.
L'Italien aura fait durer le suspense pendant près de trois mois avant de lancer le 30 juin une contre-offre à 21 euros par action.
Le 12 septembre, Fosun surenchérissait à 22 euros, contraint de remettre au pot et de trouver de nouveaux alliés, la société française d'investissement Ardian (ex-AXA PE) s'étant presque entièrement désengagée du projet à un tel prix.
Normalement, l'offre "Gaillon II" pilotée par Fosun courait jusqu'au 20 novembre au soir, tout comme celle de la société Global Resorts du camp Bonomi.
Mais M. Bonomi a fait remonter les enchères cette semaine à 23 euros par action, ce qui porterait à près de 900 millions d'euros le montant total de l'opération pour 100% des actions et obligations.
Il a acquis mardi avec ses alliés 2,16 millions d'actions Club Med hors marché, au prix de 23 euros l'une, ce qui a entraîné un relèvement mécanique de leur offre.
Soutenu depuis fin juin par l'entrepreneur sud-africain Sol Kerzner et le groupe hôtelier brésilien GP Investments, M. Bonomi a désormais aussi comme partenaire financier le puissant fonds américain KKR, avec lequel il co-détient déjà le parc de loisirs espagnol PortAventura.
KKR entre de manière "minoritaire" dans le montage sur Club Med mais aura deux représentants au conseil d'administration du groupe si l'offre Bonomi l'emporte, signe d'un engagement conséquent.
KKR pourrait prendre au moins 15% du capital de Global Resorts, souligne un connaisseur du dossier.
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