Après l'euphorie des premiers instants, les responsables de la mission Rosetta espèrent y voir plus clair jeudi sur la situation du petit robot Philae, au lendemain de son atterrissage historique sur une comète.
Un point presse est prévu à 13H00 GMT (14H00 heure de Paris) au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne), pour présenter un bilan de santé du petit robot.
Les premières données reçues après l'atterrissage sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko laissent supposer une situation pas tout à fait conforme à ce qui était prévu. Elles font aussi planer des doutes sur les capacités du robot à assurer pleinement la totalité de son programme scientifique.
"Nous ne comprenons pas encore vraiment ce qui s'est passé", a déclaré Stephan Ulamec, responsable de Philae, lors d'un point de presse mercredi soir à l'ESOC. "Nous devrions en savoir beaucoup plus demain matin", a-t-il ajouté.
Des fluctuations dans les signaux radio suggèrent soit que Philae a atterri dans une sorte de "bac à sable", soit qu'il a doucement rebondi sur la surface avant de se reposer une seconde fois.
"Donc, peut-être aujourd'hui, nous avons atterri deux fois", a lancé M. Ulamec, déclenchant les rires de l'assistance.
"Nous savons que le robot a touché le sol de la comète. Nous avons reçu un signal très clair et nous avons aussi reçu des données de l'atterrisseur, notamment scientifiques. C'est la très bonne nouvelle", a-t-il souligné.
"La mauvaise nouvelle, c'est qu'apparemment ses harpons n'ont pas fonctionné et qu'il n'est pas ancré à la surface".
Si Philae n'était pas bien arrimé au sol, "ce serait embêtant pour certains instruments" a déclaré mercredi à l'AFP le chef de projet Rosetta au Centre national d'études spatial (CNES), Philippe Gaudon, à Toulouse.
"On a besoin qu'il soit bien harponné pour utiliser la foreuse qui doit permettre de récupérer les échantillons dans le sol", a-t-il expliqué.
La mission du robot laboratoire est notamment de faire des prélèvements qui donneront des informations sur les origines du système solaire, voire sur l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.
- 'Un grand succès' -
Les responsables de la mission n'ont en tout cas pas boudé leur plaisir mercredi d'avoir réussi cette première dans l'histoire de l'exploration spatiale, point d'orgue d'une aventure entamée il y a 20 ans.
"Nous sommes les premiers à l'avoir fait et c'est cela qui restera pour toujours", a déclaré Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale européenne.
"C'est un grand succès et ce fut une grande journée", a-t-il martelé.
M. Dordain s'est voulu rassurant : "Nous avons une liaison radio avec Philae, ce qui est objectivement très important et la pile fonctionne", a-t-il noté. "Quand vous avez une liaison radio et de l'énergie, vous pouvez collecter des données".
La NASA a salué cette "percée dans l'exploration de notre système solaire" et "une étape-clé dans la coopération internationale", une référence aux trois instruments américains à bord de Rosetta.
Il a fallu sept heures à Philae, largué par la sonde européenne Rosetta, pour descendre en chute libre jusqu'à sa cible. Son atterrissage, à plus de 500 millions de km de la Terre, s'est fait "en douceur", selon l'ESA.
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