La défense de Jérôme Kerviel va tenter jeudi, une dernière fois, de convaincre la justice de la nécessité de diligenter une nouvelle expertise des pertes subies par la Société Générale début 2008, espérant faire surgir une autre vérité.
"Il n'y a pas de perte", avait soutenu l'ancien trader le 10 juin devant la cour d'appel de Versailles, la quatrième juridiction à examiner l'affaire depuis 2010, contestant le chiffre de 4,91 milliards d'euros avancé par son ancien employeur.
Pour le prouver, Jérôme Kerviel, actuellement sous bracelet électronique après sa condamnation à cinq ans de prison dont trois ferme, va de nouveau demander jeudi que la cour ordonne une expertise indépendante de cette perte, ce qui lui a déjà été refusé trois fois par la justice.
Pour lui, il faut un autre calcul que l'officiel, même si celui-ci a été validé par les commissaires aux comptes, l'Inspection générale des finances et la Commission bancaire (aujourd'hui l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution). Car tout n'a été jusqu'ici appuyé que sur des éléments fournis, à discrétion, par la Société Générale, plaide sa défense.
La banque a toujours soutenu qu'après avoir découvert en janvier 2008 que son trader l'avait exposée à hauteur de 50 milliards d'euros, elle avait missionné un autre trader, Maxime Kahn, pour l'en sortir.
Il s'est exécuté en trois jours, selon le délai fixé par la Société Générale, avec, à la clef, une perte de 6,3 milliards d'euros, ramenée à 4,9 après déduction du gain dégagé par Jérôme Kerviel en 2007.
"Nous sommes les avocats de l'homme qui a été le plus lourdement condamné au monde (sur les dommages et intérêts), sans expertise", avait fait valoir le conseil de l'ancien trader, Me David Koubbi, à l'audience du 17 septembre, qui avait débouché sur un nouveau renvoi au 13 novembre.
- "J'ai rien cramé" -
Mais l'enjeu dépasse largement le simple calcul d'une perte, si colossale soit-elle. Cette expertise doit donner corps à la thèse de la défense qui prête à la banque un rôle actif et non passif dans les opérations menées par Jérôme Kerviel.
Il s'agit aussi de convertir un élan, initié par la décision de la Cour de cassation mi-mars d'annuler le volet civil du jugement et alimenté ensuite par la marche de ce trentenaire depuis Rome vers Paris après une brève rencontre avec le pape François.
Loin d'affaiblir sa popularité, les 112 jours que le Finistérien d'origine a passés en détention entre le 19 mai et le 9 septembre ont conforté son statut de victime aux yeux d'une partie de l'opinion, de personnalités politiques et religieuses. "Je compte sur (l') expertise indépendante pour démontrer que j'ai rien cramé", a twitté Jérôme Kerviel la semaine dernière.
Mais pour la Société Générale, "ces expertises existent déjà dans le dossier", comme l'avait plaidé Me Jean Veil, conseil de la banque, à l'audience du 17 septembre, en référence aux trois évaluations déjà réalisées.
Lors de cette même audience, l'avocat général avait préconisé que la demande d'expertise soit examinée par la cour d'appel en même temps que le fond de l'affaire. Il arguait que dès leurs premiers échanges, les deux parties avaient déjà commencé à débattre de l'ensemble du dossier.
Dans son combat pour réorienter le cours de la justice, Jérôme Kerviel compte également sur l'information judiciaire ouverte en juin à Paris pour "escroquerie au jugement" et "faux et usage de faux" après ses plaintes avec constitution de partie civile.
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