L'Ukraine a dit mercredi se préparer au combat en réaction à une concentration de troupes russes dans l'Est séparatiste prorusse confirmée par l'Otan, qui fait craindre une guerre ouverte après deux mois de trêve fragile.
Moscou qui dément vigoureusement toute implication dans le conflit embrasant des régions orientales ukrainiennes et ayant fait plus de 4.000 morts depuis la mi-avril a jugé "sans fondements les accusations du commandant en chef de forces alliées de l'Otan en Europe, Philip Breedlove, sur ces soi-disant convois militaires russes qu'il +voit+ faire irruption en Ukraine", selon un porte-parole du ministère russe de la Défense.
Face à l'escalade militaire qui fait craindre une guerre de grande ampleur, le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir d'urgence à 19H30 GMT pour discuter de la crise ukrainienne et entendre des représentants de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) chargée d'observer l'application du cessez-le-feu conclu en septembre par Kiev et les séparatistes, aujourd'hui moribond.
A quelques heures de la réunion à New York, le secrétaire général de l'OSCE, Lamberto Zannier a reconnu que le cessez-le-feu était de plus en plus virtuel, jugeant que l'afflux d'armes dans les zones rebelles pouvait "mener à une confrontation plus ouverte".
A Kiev, le ministre de la Défense Stepan Poltorak a annoncé un redéploiement des troupes ukrainiennes face à une éventuelle offensive.
"Nous observons un renforcement de la part des groupes terroristes (les insurgés dans la terminologie de Kiev, NDLR) ainsi que de la part de la Russie () Nous nous attendons à des agissements imprévisibles de leur part", a-t-il déclaré au cours du conseil des ministres.
"Notre principale tâche est de nous préparer au combat", a-t-il annoncé.
Pour la première fois depuis la trêve du 5 septembre, l'Otan a confirmé mercredi l'entrée de convois militaires russes dans l'est de l'Ukraine.
Ces deux derniers jours, "nous avons vu des colonnes d'équipements russes, des chars russes, des systèmes de défense antiaérienne russes, de l'artillerie russe, et des troupes de combat russes entrant en Ukraine", a déclaré le commandant en chef de l'Alliance atlantique, en déplacement à Sofia.
Depuis vendredi, l'Ukraine dénonce l'entrée sur son territoire de matériels lourds à partir de la Russie.
Le gouvernement ukrainien a annoncé mercredi le renforcement de la sécurité autour de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov que les rebelles avaient désigné comme étant leur prochaine cible, et des installations stratégiques telles que les centrales nucléaires et les gazoducs.
Selon un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, des mouvements de convois militaires ont été observés près de Novoazovsk, ville proche de Marioupol et qui pourrait servir de base à une éventuelle offensive des insurgés sur ce port.
Bastion rebelle, Donetsk a été secoué mercredi pendant quelques heures par des tirs d'artillerie plus intenses qu'au cours des derniers jours, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
- "Lignes rouges" franchies -
L'Ukraine devait faire mercredi soir l'objet d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui devait entendre le chef de la mission de l'OSCE, Ertugrul Apakan, et une autre représentante de l'organisation, Heidi Tagliavini.
"Je pense que l'ONU devrait être informée du fait que la Russie projette une invasion de grande ampleur en Ukraine", a écrit mardi l'ambassadeur d'Ukraine à l'ONU, Iouri Sergueïev, sur son compte Twitter.
Les hostilités ont gagné en intensité depuis les élections organisées le 2 novembre dans les zones séparatistes, un scrutin rejeté par Kiev et l'Occident, mais reconnu de facto par la Russie.
Accusant Moscou d'avoir "franchi des centaines de lignes rouges" dans la crise ukrainienne, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a appelé la communauté internationale à "cesser de souffrir de daltonisme géopolitique", jugeant que l'Occident n'avait pas été assez ferme.
Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que l'Union européenne ne prévoyait pas de nouvelles sanctions contre la Russie, mis à part la possibilité d'allonger la liste des responsables ukrainiens prorusses visés par les sanctions existantes.
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