Le petit robot Philae, qui a quitté mercredi la sonde spatiale européenne Rosetta, a déployé son train d'atterrissage et s'approche lentement de l'inhospitalière "Tchouri", pour tenter de se poser pour la première fois sur le noyau d'une comète et percer un peu de ses mystères.
"Enfin! Je peux étendre mes pattes après plus de dix ans. Le train d'atterrissage est déployé!", a annoncé le robot dans un tweet de l'Agence spatiale européenne (ESA).
Si Philae parvient à s'ancrer comme prévu sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, la confirmation de cette première spatiale devrait parvenir sur Terre vers 16H02 GMT (17H02 heure de Paris), avec une plage d'incertitude d'une quarantaine de minutes.
L'enjeu de la mission Rosetta et son robot Philae est de taille. Il s'agit de livrer des informations sur les origines du système solaire, que les comètes peuvent aider à déchiffrer. Elles permettent aussi de mieux comprendre l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.
L'aventure semée d'embûches de Philae se passe à plus de 500 millions de km de la Terre. La comète, escortée par Rosetta, file à 18 km/seconde. Philae descend vers elle à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h).
"Nous avons de très bonnes nouvelles. Tout se passe bien à bord. La pile de Philae fonctionne bien. Pour le moment, nous avons reçu toutes les données que nous attendions", a déclaré Philippe Gaudon depuis le centre d'opérations scientifiques et de navigation de Philae à Toulouse.
La séparation de la sonde et de son robot laboratoire a eu lieu à 09H00 GMT (10H00, heure de Paris). Un premier succès qui a suscité exclamations et embrassades dans la salle de contrôle du Centre européen d'opérations spatiales (ESOC), à Darmstadt (Allemagne).
"Alea jacta est. Il faut que Philae atterrisse, mais on ne peut plus rien pour lui", a lancé le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain.
Deux heures environ après le largage, à 20 km de la surface de la comète, la liaison entre Rosetta et Philae a été rétablie comme prévu. "Un moment très important" salué par Paolo Ferri, chef des opérations à l'ESOC, tandis qu'Andrea Accomazzo, directeur de vol de Rosetta, levait le poing en signe de victoire.
Klim Tchourioumov et Svetlana Guérassimenko, les découvreurs de la comète en 1969, devaient assister en direct à l'atterrissage.
-'Envoie-moi une carte postale'-
"J'ai froid au dos depuis que tu m'as quittée mais je suis dans une meilleure position pour te regarder. Envoie moi une carte postale!", a susurré Rosetta dans un tweet à Philae. C'est chose faite: Philae est parvenu à transmettre une photo de Rosetta, une performance applaudie par les scientifiques.
Un problème sur le système d'émission de gaz, destiné à aider Philae à ne pas rebondir lorsqu'il touchera le sol de la comète, avait été détecté pendant la nuit mais cela n'a pas empêché les experts de donner le feu vert au largage.
Philae, 100 kg sur Terre, ne pèse qu'un gramme dans l'espace. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur sur la comète grâce à deux harpons. Il ne va pouvoir finalement que compter sur eux, un handicap que les responsables de la mission minimisent.
Si la décision de lancer l'opération a été prise, "c'est qu'on a suffisamment de marge pour pouvoir y aller", a assuré M. Dordain. Ce "petit problème augmente peut-être la liste des inconnues, mais on a travaillé toute la nuit pour faire en sorte qu'on maîtrise les risques".
Le site retenu pour l'atterrissage de Philae est une zone d'environ 1 km2 située sur le petit lobe du noyau de la comète.
La comète s'est révélée très peu "coopérative", avec une forme torturée, un relief accidenté et un sol dont la nature reste une inconnue.
Rosetta a parcouru 6,5 mds de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri.
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