Le gouvernement a serré les rangs mercredi autour de Jean-Pierre Jouyet, excluant la démission du numéro deux de l?Élysée, mis sur la sellette après ses revirements sur une mise en cause de Nicolas Sarkozy par François Fillon.
Jean-Pierre Jouyet "est le secrétaire général de l?Élysée, il le reste", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à l'issue du Conseil des ministres mercredi. "S'il y a un sujet, ce n'est pas celui de Jean-Pierre Jouyet () c'est d'abord l'UMP", a ajouté le porte-parole, faisant référence au financement controversé de la campagne présidentielle de M. Sarkozy en 2012.
Ce soutien arrive à point nommé pour M. Jouyet. Cet ancien ministre de M. Sarkozy, qui est aussi un ami de François Hollande, se retrouve dans une situation délicate après ses déclarations contradictoires sur la teneur d'un déjeuner le 24 juin avec M. Fillon, qui lui aurait demandé d'intervenir pour accélérer une procédure judiciaire à l'encontre de l'ancien chef de l?État. Une version que l'ex-Premier ministre a toujours récusée.
Outre M. Le Foll, la ministre de l?Écologie Ségolène Royal a volé au secours de son ex-condisciple de la promotion Voltaire à l'Éna, affirmant que ce dernier était "bien sûr" toujours soutenu par la présidence.
"Il est au travail, sereinement", a ajouté l'ex-candidate à l?Élysée. "Je pense qu'il faut passer justement à d'autres sujets, les Français sont un peu surpris quand même du temps passé () à des polémiques violentes qui sont incompréhensibles", a insisté Mme Royal.
Même s'il ne n'est pas exprimé, le Premier ministre Manuel Valls, en sortant du Conseil, s'est attardé ostensiblement au côté de M. Jouyet en haut du perron de l?Élysée, sous l??il des caméras de télévision. La veille, il avait regretté des débats qui "abaissent le niveau politique" et auxquels il ne "veut pas prendre part".
- 'Accrocher le scalp' -
Ces marques publiques de soutien ne seront pas de trop alors que l'UMP s'apprête à "demander des explications" à M. Valls "en visant François Hollande" lors de la séance des questions au gouvernement, mercredi après-midi.
"Jean-Pierre Jouyet doit démissionner. C'est une affaire d'une exceptionnelle gravité, il y a eu une volonté de la part de François Hollande de déstabiliser l'UMP", a d'ores et déjà tranché dans la matinée le sarkozyste Daniel Fasquelle, après la réunion de groupe UMP à l'Assemblée, quasi exclusivement consacrée à cette affaire.
Hervé Mariton, candidat à la présidence de l'UMP, a enfoncé le clou: "Il ne peut pas rester secrétaire général de l?Élysée."
Côté socialiste, Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, a répliqué que M. Jouyet n'avait "aucune raison de partir, tant ça voudrait dire qu'on voudrait accrocher le scalp de quelqu'un qui n'a aucune responsabilité dans cette affaire au nom d'une lutte sans merci entre leaders de la droite".
Même son de cloche chez Jean-Pierre Mignard, avocat et proche de M. Hollande, qui "ne [voit] pas pourquoi on demanderait une démission".
Sur le plan judiciaire, le tribunal de grande instance de Paris examinera vendredi la demande de M. Fillon de la copie intégrale de l'enregistrement de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes du Monde ayant révélé cette affaire.
L'assignation a été déposée mercredi en milieu de journée. L'avocat de M. Fillon, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, prévoit ensuite de porter plainte en diffamation contre les deux journalistes, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Dans cet enregistrement, dont l'AFP a pu écouter un extrait, M. Jouyet a bien confié à ces journalistes que M. Fillon lui avait demandé d'accélérer les procédures judiciaires contre M. Sarkozy.
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