Le petit robot Philae, passager depuis plus de dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta, poursuivait mercredi sa lente descente en chute libre vers l'inhospitalière "Tchouri", pour tenter le premier atterrissage de l'histoire sur le noyau d'une comète.
"Oui! Wahoo!" Les responsables de Rosetta ont salué par des exclamations et embrassades la réception du signal de la séparation entre la sonde et son robot laboratoire Philae, peu après 09H00 GMT (10H00 heure de Paris), dans la salle de contrôle du Centre européen d'opérations spatiales (ESOC), à Darmstadt (Allemagne).
"Alea jacta est. Il faut que Philae atterrisse, mais on ne peut plus rien pour lui", a lancé le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain.
Deux heures environ après le largage, la liaison entre Rosetta et Philae a été rétablie comme prévu.
"Un moment très important" salué par Paolo Ferri, chef des opérations à l'ESOC, tandis qu'Andrea Accomazzo, directeur de vol de Rosetta, levait le poing en signe de victoire.
Klim Tchourioumov, codécouvreur de la comète en 1969, est venu en personne à l'ESOC pour assister en direct à l'évènement. L'autre découvreuse, Svetlana Guérassimenko, a fait le déplacement jusqu'à Cologne, où se déroulent une partie des opérations.
L'aventure semée d'embûches de Philae se passe à plus de 500 millions de km de la Terre. La comète, escortée par Rosetta, file à 18 km/seconde. Philae descend vers elle à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h).
"Tout semble normal pour le moment", selon Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur au DLR (agence spatiale allemande).
Peu après la séparation, qui a eu lieu à 20 km de la surface de la comète, Philae devait prendre des images de Rosetta et son train d'atterrissage s'ouvrir.
Un problème sur le système d'émission de gaz, destiné à aider Philae à ne pas rebondir lorsqu'il touchera le sol de la comète, avait été détecté pendant la nuit mais cela n'a pas empêché les experts de donner le feu vert au largage.
Philae, 100 kg sur Terre, ne pèse qu'un gramme dans l'espace. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur grâce à deux harpons. Il va donc devoir se contenter de l'action de ces derniers qui peuvent en principe s'ancrer jusqu'à 2,5 m de profondeur.
Si la décision de lancer l'opération a été prise, "c'est qu'on a suffisamment de marge pour pouvoir y aller", a assuré M. Dordain. Ce "petit problème augmente peut-être la liste des inconnues, mais on a travaillé toute la nuit pour faire en sorte qu'on maîtrise les risques".
- Une comète peu 'coopérative' -
Il va falloir au robot sept heures pour atteindre le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Le site retenu pour cet atterrissage périlleux, baptisé Agilkia, est une zone d'environ 1 km2 située sur le petit lobe du noyau de la comète.
Une prouesse jamais réalisée dans l'histoire spatiale. D'autant que la comète s'est révélée très peu "coopérative", avec une forme torturée, un relief accidenté et un sol dont la nature reste une inconnue.
Si Philae arrive à s'ancrer comme prévu, la confirmation du premier atterrissage jamais réalisé sur une comète devrait parvenir sur Terre vers 16H02 GMT (17H02 heure de Paris), avec une plage d'incertitude d'une quarantaine de minutes.
Rosetta a parcouru 6,5 milliards de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri.
L'enjeu de sa mission est de taille. Il s'agit rien moins que de livrer des informations sur les origines du système solaire, voire d'aider à comprendre l'apparition de la vie et de l'eau sur Terre.
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