Les dés sont jetés: le petit robot Philae, passager depuis plus de dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta, a entamé mercredi une lente descente de sept heures vers "Tchouri" pour tenter le premier atterrissage de l'histoire sur le noyau d'une comète.
"Oui ! Wahoo !" : c'est par cette exclamation que les responsables de la sonde Rosetta ont salué la réception du signal de la séparation entre la sonde et le petit module, peu après 09H00 GMT (10H00 heure de Paris), dans la salle de contrôle du Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA (Agence spatiale européenne) à Darmstadt (Allemagne).
Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta à l'ESOC, tout sourire, a ensuite "définitivement" confirmé la séparation de la sonde et de son robot Philae de 100 kilos, qui naviguaient ensemble depuis 10 ans dans l'espace.
L'aventure semée d'embuches de Philae se déroule à 511 millions de km de la Terre. La comète, escortée par Rosetta, file à 18 km/seconde. Philae descend vers elle à une vitesse de 1 mètre/s, soit 3,5 km/h.
Tout de suite après la séparation, qui a eu lieu à 20 km de la surface de la comète, Philae prendra des images de Rosetta.
Le train d'atterrissage est censé s'ouvrir peu après la séparation: les jambes de Philae, repliées le long de la plateforme depuis plus de 10 ans, doivent se déplier en prévision de son arrivée sur la comète.
Un problème a été détecté pendant la nuit sur le système d'atterrissage complexe de Philae mais cela n'a pas empêché les experts de donner le feu vert au largage.
Un des risques est en effet que Philae, qui pèse 100 kg sur Terre mais seulement un gramme dans l'espace, ne rebondisse au contact du sol cométaire. Il a donc été conçu pour à la fois être plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur grâce à deux harpons.
Mais le système d'émission de gaz "semble ne pas devoir fonctionner", a indiqué Stephan Ulamec. "Nous devrons compter entièrement sur les harpons", a-t-il expliqué. Ils peuvent en principe s'ancrer jusqu'à 2,5 m de profondeur.
A l'inverse, Philae pourrait aussi s'enfoncer dans le sol apparemment meuble de la comète.
La liaison entre Philae et Rosetta, qui lui servira de relais dans ses communications avec la Terre, devrait être rétablie environ deux heures après la séparation.
- une comète peu 'coopérative' -
Le robot va passer sept heures en chute libre avant de tenter de se poser sur le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Le site retenu pour cet atterrissage périlleux, baptisé Agilkia, est une zone d'environ 1 km2 située sur le petit lobe du noyau de la comète.
L'atterrissage représente un véritable défi technologique. Le petit robot va devoir se poser sur une comète très peu "coopérative", à la forme torturée et au relief accidenté et alors même que la nature du sol reste une inconnue.
Si Philae arrive à s'ancrer comme prévu, et s'il parvient à communiquer avec Rosetta, la confirmation du premier atterrissage jamais réalisé sur une comète devrait parvenir sur Terre vers 16H02 GMT (17H02 heure de Paris), avec une plage d'incertitude d'une quarantaine de minutes.
"Maintenant, il faut s'en remettre aux lois de la physique () Je n'ai plus d'ongles à ronger de toute façon", a lancé Mark Mc Caughrean, conseiller scientifique à l'ESA.
"Le point le plus critique est l'atterrissage lui-même", a souligné Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae au DLR (agence spatiale allemande).
Rosetta a réussi à parcourir pour l'instant 6,5 milliards de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri, dans un environnement particulièrement rude.
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