Le grand jour est arrivé pour le petit robot Philae, passager depuis plus de dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta : il va tenter mercredi le premier atterrissage de l'histoire sur le noyau d'une comète.
Cette prouesse technique, qui se déroulera à 511 millions de km de la Terre, doit encore obtenir l'autorisation définitive des responsables de la navigation de la sonde, au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA (Agence spatiale européenne) à Darmstadt (Allemagne).
Un premier "go" a été donné dès mardi soir et les vérifications menées dans la nuit, aussi bien sur Rosetta que sur Philae, ont elles aussi été positives.
Mais pour que le petit robot soit autorisé à partir, il faudra un ultime feu vert mercredi matin. Objectif: s'assurer que la dernière manoeuvre de la sonde a été correctement effectuée et qu'elle est en mesure de pouvoir larguer Philae sur la bonne trajectoire de descente vers la comète Tchourioumov-Guérassimenko, surnommée "Tchouri" par les scientifiques.
La séparation est prévue à 09H35 (heure de Paris), mais la confirmation ne parviendra à l'ESOC qu'un peu plus de 28 minutes plus tard, compte tenu du délai de transmission du signal radio depuis Rosetta. Elle sera relayée par l'antenne de la station de New Norcia, en Australie.
La séparation doit impérativement avoir lieu "au bon moment, à la bonne position dans l'espace, à la bonne altitude et à la bonne vitesse", a expliqué Andrea Accomazzo, responsable de la trajectoire de vol de la mission Rosetta à l'ESOC.
"La moindre petite erreur se traduirait par une erreur significative sur la position à la surface" de la comète, a-t-il averti.
Une fois lâché par Rosetta, Philae descendra en chute libre vers Tchouri, parcourant les 20 km qui le séparent de sa cible en environ sept heures.
La confirmation de l'atterrissage est attendue sur Terre autour de 16H00 GMT.
- Objectif Agilkia -
"Les prochaines 24 heures vont certainement être les plus difficiles pour nous", a reconnu mardi soir Paolo Ferri, chef des opérations à l'ESOC.
Le défi technique n'est pas mince, même si Rosetta a jusqu'ici parfaitement fonctionné, parcourant 6,5 milliards de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri, dans un environnement particulièrement rude.
Les trois longues jambes de Philae, restées pliées pendant plus de 10 ans, vont-elles se déployer correctement ?
Le robot ne va-t-il pas arriver sur une partie trop accidentée d'"Agilkia", la zone d'un km2 choisie pour l'atterrissage par les scientifiques. Car si Agilkia est le secteur le moins risqué, il est loin d'être parfait.
La principale crainte des ingénieurs est que Philae, qui pesait 100 kg sur Terre, mais seulement un gramme dans l'espace, ne rebondisse au contact du sol cométaire. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur grâce à deux harpons. Le problème, c'est que les scientifiques ne connaissent pas la nature du terrain et ne peuvent exclure que Philae s'enfonce au contraire dans un sol mou.
Une fois Philae sur la comète, il faudra encore que la liaison avec Rosetta, qui lui servira de relais avec la Terre, fonctionne.
"On sait bien que c'est une entreprise risquée, mais l'enjeu est tellement fort", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'atterrisseur.
L'enjeu n'est rien de moins que de tenter de remonter aux origines du système solaire, voire de comprendre l'apparition de la vie sur Terre.
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