Des manifestants ont incendié mardi le siège du parti gouvernemental dans l'Etat de Guerrero, dans le sud du Mexique, au cours d'une nouvelle manifestation de colère après l'annonce du probable massacre des 43 étudiants disparus fin septembre.
Au moins cinq personnes ont été blessées, trois policiers et deux journalistes, selon la protection civile, tous atteints par des jets de pierres. Parmi les journalistes blessés figure un photographe de l'AFP, Jesus Guerrero.
Cet incendie du siège du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir, est intervenu pendant une manifestation à Chilpancingo, capitale de l'Etat de Guerrero.
Un millier d'étudiants et d'enseignants de l'école normale, dans laquelle étudiaient les disparus, appartenant à l'aile radicale de leur syndicat, s'étaient mobilisés, armés de pierres, de bâtons et de cocktails Molotov.
Les policiers repoussaient les manifestants tandis qu'une fumée noire s'échappait du bâtiment de deux étages.
Les manifestations de colère se succèdent au Mexique, depuis l'annonce vendredi par le ministre de la Justice que les 43 étudiants, portés disparus depuis le 26 septembre, ont probablement été massacrés par des membres du crime organisé, dont certains sont passés aux aveux.
Lundi, une manifestation, au cours de laquelle dix-neuf policiers ont été blessés, avait bloqué pendant trois heures l'aéroport international de la ville touristique d'Acapulco (sud), entraînant l'annulation des vols de trois compagnies.
Les 43 étudiants, des élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, ont disparu après une attaque de policiers et de membres du crime organisé à Iguala (Guerrero) contre l'autocar qui les transportait. Cette attaque a fait six morts, dont trois étudiants.
Plusieurs membres du gang des Guerreros Unidos, arrêtés après les faits, ont avoué avoir assassiné les étudiants avant de faire brûler leurs corps sur un gigantesque bûcher pendant 14 heures et de disperser les restes dans une rivière.
- 'Nos enfants sont vivants' -
De source gouvernementale, une réunion est toujours prévue en principe à Chilpancingo entre les parents des disparus, le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam, et le ministre de l'Intérieur, Miguel Angel Osorio Chong.
"Nous voulons leur dire qu'il faut faire venir des gens des Etats-Unis pour accélérer les recherches" des étudiants, a déclaré l'un des parents, Epifanio Alvarez, à l'AFP.
Car les familles de ces jeunes veulent encore y croire. "Tant qu'il n'y a pas de preuves, nos enfants sont vivants", assurait récemment Felipe de la Cruz, porte-parole des parents.
Mais ces preuves ne seront peut-être pas apportées lundi, le ministre de la Justice a estimé qu'il serait très difficile d'identifier les restes carbonisés qui ont été retrouvés, précisant qu'il n'était possible de réaliser des tests ADN que sur deux fragments d'os.
Les experts ont fait savoir qu'il y avait "seulement deux fragments d'os, dont une rotule", qui pouvaient "être soumis à des tests ADN et seraient envoyés dans un laboratoire autrichien, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Televisa.
Selon les autorités, les étudiants ont été attaqués sur ordre de l'ancien maire d'Iguala, José Luis Abarca, et de son épouse, Maria de Los Angeles Pineda, soeur de trois trafiquants de drogue notoires, qui craignait que les étudiants ne perturbent un événement public qu'elle présidait ce jour-là.
L'ancien maire et son épouse en fuite pendant plusieurs semaines, ont été arrêtés début novembre.
L'affaire, qui jette une lumière crue sur la collusion des autorités politiques et policières avec le crime organisé, constitue la plus grave crise de la présidence d'Enrique Peña Nieto, arrivé au pouvoir en décembre 2012.
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