Les parents des 43 étudiants mexicains, disparus depuis fin septembre et vraisemblablement massacrés par un gang, seront reçus mardi par le ministre de la Justice, au lendemain d'une nouvelle protestation qui a bloqué pendant trois heures l'aéroport d'Acapulco.
Cette réunion, avec le ministre Jesus Murillo Karam, a été annoncée à l'AFP par un des parents, Epifanio Alvarez.
"Nous voulons lui dire qu'il faut faire venir des gens des Etats-Unis pour renforcer la recherche" des étudiants, a-t-il déclaré.
Car les familles de ces jeunes veulent encore y croire. "Tant qu'il n'y a pas de preuves, nos enfants sont vivants", assurait récemment Felipe de la Cruz, porte-parole des parents.
La réunion survient alors que les manifestations de colère se succèdent dans le pays, depuis l'annonce vendredi par ce même ministre que les étudiants ont probablement été massacrés par des membres du crime organisé, dont certains sont passés aux aveux.
Lundi, le visage dissimulé, armés pour la plupart de bâtons, de barres métalliques ou de machettes, des milliers de manifestants avaient pris d'assaut l'aéroport d'Acapulco, ville touristique du sud du pays, après un affrontement avec des policiers qui tentaient de leur barrer la route.
Dix-neuf agents ont été blessés par des jets de pierres et d'un cocktail Molotov.
Après des négociations menées entre des officiers et Felipe de la Cruz, les policiers ont laissé passer les manifestants, menés par les parents des disparus et des élèves de l'école normale d'Ayotzinapa (Etat du Guerrero, sud), à laquelle appartenaient les étudiants.
Les vols de trois compagnies ont dû être annulés, dont ceux de l'américaine United Airlines, selon le groupe Aeropuerto Centro Norte, qui gère l'aéroport.
Tania Gomez, vendeuse de vêtements de 26 ans, devait prendre un vol vers Mexico pour ensuite partir en vacances à Los Angeles.
"C'est inquiétant car on est dans l'insécurité totale. J'ai peur de voir tant de gens avec des bâtons et le visage caché", a-t-elle raconté.
"Nous, tous les Mexicains, sommes en lutte. Peu m'importe d'arriver plus tard, parce que ce qu'ils font est juste", disait pour sa part Beatriz Barros, une autre voyageuse.
- Des restes difficilement identifiables -
Les 43 étudiants, des élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, ont disparu le 26 septembre après une attaque conjointe de policiers et de membres du crime organisé à Iguala (Etat du Guerrero), contre le bus qui les transportait. Cette attaque a fait six morts, dont trois étudiants.
Plusieurs membres du gang Guerreros Unidos, arrêtés après les faits, ont avoué avoir fait brûler les corps sur un gigantesque bûcher pendant 14 heures avant de disperser les restes dans une rivière avoisinante.
Lundi, le ministre de la Justice a estimé qu'il serait très difficile d'identifier les restes carbonisés qui ont été retrouvés, précisant qu'il n'est possible de réaliser des tests ADN que sur deux fragments d'os.
Les experts ont fait savoir qu'il y avait "deux restes, seulement une rotule et un autre fragment, qui peuvent" être soumis à des tests ADN et seront envoyés à un laboratoire autrichien, a-t-il déclaré à la chaîne Televisa.
Selon les autorités, les étudiants ont été attaqués sur ordre de l'ancien maire d'Iguala, José Luis Abarca, et de son épouse, Maria de Los Angeles Pineda, soeur de trois narcotrafiquants notoires, qui craignait que les étudiants ne perturbent un événement public qu'elle tenait ce jour-là.
L'affaire, qui jette une lumière crue sur la collusion des autorités politiques et policières avec le crime organisé, constitue la plus grave crise de la présidence d'Enrique Peña Nieto, arrivé au pouvoir en décembre 2012.
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