Une cinquantaine d'adolescents ont été tués lundi dans un attentat-suicide contre leur collège dans le nord-est du Nigeria, l'un des pires massacres attribués au groupe islamiste armé Boko Haram qui affirme lutter contre l'éducation à l'occidentale et multiplie les tueries aveugles.
L'explosion s'est produite dans un collège-lycée public de garçons de Potiskum, capitale économique de l'Etat de Yobe, l'un des trois Etats placés sous loi martiale depuis un an et demi pour faire face à l'insurrection sanglante menée par le groupe islamiste, qui a fait plus de 10.000 morts en cinq ans.
Ce massacre a été perpétré au lendemain de la publication d'une nouvelle vidéo du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans laquelle il réaffirme avoir créé un "califat" dans les zones du nord-est du Nigeria conquises par les insurgés et exclut à nouveau toute perspective d'accord de cessez-le-feu avec le gouvernement.
"Les écoliers s'étaient rassemblés pour la réunion du matin, lorsque quelque chose a explosé au milieu d'eux avec un bruit énorme, à exactement 07H50" (06H50 GMT), a témoigné un enseignant.
L'explosion a été "provoquée par un kamikaze", a indiqué Emmanuel Ojukwu, le porte-parole de la police nigériane. "Il y a 47 morts et 79 blessés" parmi les élèves, a-t-il ajouté, précisant que Boko Haram était soupçonné d'être responsable du massacre.
Un habitant du quartier, Adamu Alkassim, a décrit une grande confusion dans et autour de l'établissement scolaire, racontant les chaussures abandonnées au milieu des traces de sang. Les victimes ont été transportées à l?hôpital général de Potiskum, à 100 mètres de là.
Boko Haram, dont le nom signifie "L'éducation occidentale est péché" en langue haoussa, a déjà mené de nombreuses attaques contre des établissements scolaires qui, estime ce groupe, fournissent une éducation influencée par les valeurs occidentales.
En février, des hommes armés avaient ouvert le feu et lancé des explosifs dans le dortoir d'un internat à Buni Yadi, également dans l'Etat de Yobe, tuant au moins 40 adolescents.
En juillet 2013, l'attaque du lycée de Mamudo, non loin de Potiskum, avait fait 42 morts parmi les élèves et leurs enseignants, que les assaillants avaient rassemblés dans un dortoir où ils avaient jeté des explosifs et mis le feu.
Shekau avait ensuite justifié la tuerie de Mamudo dans une vidéo, sans toutefois la revendiquer.
Dans une autre vidéo obtenue l'année dernière par l'AFP, Shekau avait rappelé: "L?école occidentale, c?est interdit par la religion, l?université c?est haram (interdit). Arrêtez d?aller à l?université, bâtards!".
Si en 2010 et 2011, les islamistes s'en prenaient souvent aux écoles quand elles étaient fermées, depuis 2013, les élèves sont de plus en plus visés.
L'attaque de Boko Haram qui a le plus ému, à travers le monde, est celle du lycée public pour filles de Chibok, dans l'Etat voisin de Borno, fief historique des islamistes, lors de laquelle 276 adolecsentes avaient été enlevées en avril.
Plus de six mois plus tard, 219 d'entre elles sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.
Les autorités nigérianes avaient affirmé mi-octobre avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant notamment la libération des otages de Chibok.
Dans la vidéo obtenue dimanche par l'AFP, Shekau dément à nouveau avoir conclu un cessez-le-feu avec le gouvernement et va même jusqu'à menacer de tuer l'homme qui s'était présenté comme le négociateur du groupe avec les autorités d'Abuja.
Cette vidéo de propagande longue de 44 minutes montre des images de combattants à moto et sur un véhicule blindé, acclamés par une foule en liesse, dans une bourgade poussiéreuse non-identifiée. Shekau semble y délivrer un prêche depuis un local, retransmis par haut-parleur à une population assemblée au dehors. Il réaffirme dans son discours avoir fondé un califat islamique dans les zones du Nord-Est conquises par les insurgés ces dernières semaines.
A Potiskum, où un attentat contre un cortège chiite a fait 15 morts lundi dernier, 16 hommes arrêtés par l'armée dans le sillage de cette attaque ont été retrouvés morts quelques heures plus tard, tués par balles, selon des responsables locaux.
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