L'Afrique de l'Ouest s'est déclarée opposée à des sanctions internationales contre le Burkina Faso, où d'intenses tractations se poursuivaient vendredi pour mettre en place une autorité civile qui doit reprendre les rênes du pays.
Réunis en sommet à Accra, les chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao, l'organisation régionale ouest-africaine, ont plaidé vendredi pour un assouplissement à l'égard du Burkina, appelant "la communauté internationale" et les "partenaires" du pays à ne pas lui imposer de sanctions "compte tenu des efforts en cours".
L'Union africaine avait menacé lundi d'imposer des "sanctions" -sans préciser lesquelles- si le pouvoir n'était pas remis aux civils dans les 15 jours.
Une semaine jour pour jour après la chute du président Blaise Compaoré après 27 ans de règne, et la prise en main du pays par les militaires, c'est toujours le lieutenant-colonel Isaac Zida qui dirige le régime intérimaire.
Réaffirmant la souveraineté des Burkinabè sur leur propre avenir politique, l'ex-numéro 2 de la garde présidentielle, a cependant refusé jeudi de se voir imposer un calendrier rigide par la communauté internationale pour ce passage de flambeau à un dirigeant civil, écartant d'un revers de main l'ultimatum de l'UA.
"Le délai qu'on nous a imposé () ce n'est pas véritablement une préoccupation pour nous", a-t-il déclaré. "L'UA peut dire +dans trois jours+, ça n'engage que l'Union africaine".
Zida n'a toutefois pas exclu de passer la main avant la fin du délai imparti : "Si demain nous avons une personnalité consensuelle" pour diriger une autorité de transition "nous n'allons pas attendre l'UA" pour rendre le pouvoir, a-t-il expliqué.
Mercredi soir l'ensemble acteurs de la crise s'étaient entendus sur la durée de la transition - un an -, sur le fait qu'elle sera dirigée par une personnalité civile et sur l'organisation d'élections présidentielle et législative en novembre 2015.
Aucun nom n'était cependant sorti pour le dirigeant de la transition, une question épineuse qui nécessite davantage de temps, selon tous les acteurs.
L'ancienne opposition à Blaise Compaoré, la société civile et les chefs religieux et traditionnels ont mis en place une commission conjointe qui travaille depuis jeudi à une "charte de la transition".
Cette charte devra être validée samedi et présentée lundi aux médiateurs internationaux de la troïka ONU-Union africaine-Cédéao, l'organisation régionale ouest-africaine.
L'armée a d'ores et déjà rédigé sa propre "charte", selon des sources militaires, et il semble que le camp Compaoré formulera ses propositions de son côté lundi.
- "A nous de faire le choix"-
A Ouagadougou, à l'exception de quelques traces de pillage des jours d'insurrection, rien ne vient rappeler qu'il y a une semaine des centaines de milliers de manifestants chassaient un homme au pouvoir depuis 27 ans. Quasiment aucun policier ou militaire n'était visible dans les rues.
Il faut attendre la nuit et l'approche du couvre-feu, à minuit, pour voir quelques blindés et des militaires en armes prendre position dans les rues.
Quant aux habitants, ils ont repris une vie normale et semblent désormais suivre de loin cette étape "technique" des tractations. Beaucoup assuraient ne pas douter que l'armée rende le pouvoir rapidement, comme elle s'y est engagée.
Les différents acteurs de la crise doivent présenter leurs propositions concrètes et leurs exigences pour définir les organes d'un régime de transition, et les critères auxquels devra répondre la personnalité civile chargée de le diriger.
"On se retrouve tous ensemble lundi - armée, société civile, partis politiques, religieux - pour sortir un document unique et consensuel", a déclaré jeudi Jonas Hien, un responsable de la société civile à l'issue d'une rencontre avec l'actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Zida.
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