Les forces de l'ordre ont évacué vendredi en pleine nuit le campement que plusieurs dizaines d'écologistes avaient installé depuis mardi soir dans le centre de Rouen (Seine-Maritime) à la mémoire de Rémi Fraisse.
L'opération d'évacuation a été très rapide, les manifestants n'opposant pas de résistance.
C'était le premier campement en milieu urbain organisé dans une grande ville par des militants de mouvances écologistes et anarchistes à la mémoire du jeune botaniste tué par l'explosion d'une grenade lancée par un gendarme le 26 octobre, lors d'affrontements sur le site du barrage controversé de Sivens, dans le Tarn.
Les CRS, venus à bord d'une vingtaine de fourgons, ont poussé les occupants hors du camp et commencé à le démanteler, en faisant usage de quelques gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Ils appliquaient une ordonnance en référé à la demande de la mairie socialiste de Rouen.
"En application de l'ordonnance du 6 novembre 2014 du président du tribunal de grande instance de Rouen, il a été procédé à l'évacuation d'un campement, abritant quarante personnes, installé de façon illicite sur le domaine public communal, place Foch à Rouen. Cette évacuation s'est déroulée sans violence", a indiqué la préfecture dans un bref communiqué.
Les manifestants, des jeunes hommes et femmes, s'étaient regroupés et, bras levés, scandaient "pas de violence", "pacifiques, "tous ensemble ouais", ou encore "Rémi, on ne t'oublie pas".
"Les trois sommations ont été faites très rapidement, puis ils nous ont refoulés à coups de pieds, à coups de matraques et avec des insultes", a déclaré à l'AFP Mathieu, prénom que donnaient beaucoup de militants quand ils parlaient à la presse.
- Perché sur un arbre -
Il n'y a pas eu apparemment d'interpellations, à l'exception d'un militant qui s'était installé en haut d'un arbre. Une unité spéciale des pompiers est venue le déloger.
Les protestataires avaient érigé rapidement leur ZAD ("zone à défendre") mardi soir à l'issue d'un rassemblement à Rouen, à la mémoire de Rémi Fraisse.
Ils s'étaient installés sur la place Foch, une petite place le long de la rue Jeanne d'Arc, grande artère de la ville, en face d'une aile du palais de justice et à côté d'une station du métro-tram de la ville.
Le campement comprenait notamment une douzaine de tentes, une cabane et des stands construits avec des palettes et du carton, un "salon de discussion" avec canapés, et des toilettes sèches.
Bien visibles, ils invitaient la population à engager le dialogue sur les "violences policières", servaient des boissons chaudes et proposaient un peu de nourriture.
"Nous ne revendiquons rien: c'est la possibilité même de lutter et d'envisager d'autres futurs qui est en jeu", proclamaient leurs tracts.
Le parti pris des protestataires était de faire une action sans violence, selon eux, à la différence d'autres manifestations ces derniers jours dans d'autres villes, comme Rennes, Nantes et Toulouse. Jeudi soir à Lyon une manifestation non déclarée a donné lieu à 18 interpellations après des heurts avec la police.
Une autre manifestation prévue samedi à Rennes "Contre les violences d'État" a été interdite en raison des dégradations et des violences des manifestations précédentes.
Si la ligne non violente a prédominé, certains occupants du campement pensaient différemment comme le montraient quelques tags "résistance, sabotage", plus visibles après le nettoyage du site.
La tendance majoritaire était représentée par des militants de la "ferme des Bouillons", une petite exploitation d'agriculture biologique de Mont-Saint-Aignan, au nord de Rouen, occupée et animée par des écologistes, en lutte contre le groupe Auchan qui voulait construire un hypermarché sur cette zone.
Le président François Hollande a promis jeudi soir sur TF1 les résultats d'une enquête administrative "d'ici huit jours" sur la mort de Rémi Fraisse.
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