L'Ukraine a imposé jeudi le contrôle des passeports autour de l'Est rebelle prorusse, nouvelle mesure visant à l'isoler alors que l'Union européenne a annoncé sa prochaine réunion consacrée aux sanctions contre Moscou, accusé d'attiser ce conflit.
Le service d'Etat ukrainien de la protection de la frontière a annoncé jeudi que tout Ukrainien ou étranger devrait désormais présenter son passeport pour entrer dans la zone sous contrôle rebelle ou quitter ce territoire où plus de 4.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit armé en avril.
Kiev a par ailleurs interdit l'accès du reste du pays aux étrangers entrés dans l'est par la partie de la frontière ukraino-russe sous contrôle séparatiste, a précisé le service.
"Des Russes armés pénètrent sans aucun obstacle dans cette zone du côté russe. Nous devons faire en sorte qu'ils ne puissent aller au-delà de cette région", a déclaré à l'AFP le haut responsable des gardes-frontières, Sergui Astakhov.
Ces décisions s'inscrivent dans le cadre du durcissement de la politique de Kiev annoncé après les élections séparatistes de dimanche, uniquement reconnues par la Russie, et qui ont, selon l'Ukraine et les Occidentaux, porté un grave coup au processus de paix.
Dans la même optique, le gouvernement, confronté à une grave crise économique et dont les caisses sont vides, avait déjà annoncé la veille la suppression prochaine du versement d'allocations, surtout des retraites, pour les habitants de l'Est s'ils ne déménageaient pas dans les territoires contrôlés par Kiev.
L'Ukraine prévoit à terme d'arrêter la totalité des subventions à cette zone, qui s'élèvent, selon Kiev, à 34 milliards de hryvnias (1,8 milliard d'euros) par an.
"Un geste logique" pour l'expert Viktor Zamiatine du Centre Razoumkov à Kiev. "Comment peut-on donner de l'argent aux territoires qu'on ne contrôle pas? Il n'y a aucune garantie que les fonds destinés au secteur public ne sont pas utilisés par exemple pour acheter des armes pour les rebelles", estime l'expert.
Sur le plan international, l'Union européenne a annoncé pour le 17 novembre la tenue d'un conseil de ses ministres des Affaires étrangères pour discuter notamment des sanctions contre Moscou après que les autorités russes eurent reconnu les "soi-disant élections" séparatistes en Ukraine.
"Nous devrons discuter de l'action que nous devons engager" pour savoir "quel type de sanctions adopter", a souligné le chef de la diplomatie europénne Federica Mogherini.
La Russie est déjà lourdement frappée par les sanctions occidentales pour avoir annexé en mars, à la suite du renversement d'un régime prorusse à Kiev, la péninsule ukrainienne de Crimée et pour son soutien militaire aux séparatistes en Ukraine que Moscou dément.
Le rouble russe, qui a perdu près du quart de sa valeur depuis le début de l'année alors que montaient en puissance les sanctions occidentales, a ainsi atteint de nouveaux records de faiblesse face à l'euro et au dollar jeudi.
De son côté, la monnaie ukrainienne a perdu plus de 45% depuis le début de l'année en raison du conflit armé et de la crise économique chutant jeudi à un nouveau record historique sur le marché interbancaire à 15 hryvnias pour un billet vert.
Sur le terrain, la situation était particulièrement tendue notamment dans le fief séparatiste de Donetsk où des tirs nourris se sont poursuivis pendant des heures aux abords de l'aéroport, en proie à des combats depuis plusieurs mois.
Les autorités ukrainiennes ont annoncé la mort jeudi de trois soldats dont un à l'aéroport que les rebelles ont attaqué, selon Kiev, avec des canons de gros calibre, en dépit d'un cessez-le-feu, en vigueur depuis deux mois et de plus en plus virtuel.
Les Etats-Unis ont de leur côté condamné jeudi la mort de deux adolescents tués mercredi dans des bombardements à Donetsk, dans l'Est rebelle de l'Ukraine, disant soutenir une enquête sur cet incident.
Pour leur part, les séparatistes ont accusé via les médias russes l'armée ukrainienne d'avoir lancé dans l'après-midi une offensive majeure près de Donetsk. Kiev a démenti et les journalistes de l'AFP qui se sont rendus sur les lieux n'ont constaté aucune trace de cette offensive.
Moscou et Kiev se sont par ailleurs accrochés autour des négociations multipartites pour apaiser ce conflit armé.
Les dirigeants ukrainiens ont à plusieurs reprises appelé ces derniers jours au retour au "format de Genève", en allusion aux négociations ayant réuni en avril la Russie et l'Ukraine, l'UE et les Etats-Unis, plus fermes à l'égard de Moscou que les Européens.
Cette idée a été rejetée jeudi par Moscou qui a accusé Kiev d'avoir "grossièrement piétiné" les accords de Genève. "La question se pose de savoir s'il est utile de retourner vers un format qui n'a pas apporté les résultats attendus", a déclaré la diplomatie russe dans un communiqué.
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