Les agriculteurs, qui se sentent incompris et accablés par les contrôles et les réglementations, ont crié leur ras-le bol mercredi dans tout le pays, avec plus de 35.000 agriculteurs mobilisés selon la FNSEA, "du jamais-vu depuis des années".
Le syndicat majoritaire FNSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient appelé dès septembre à cette mobilisation, rejoints ensuite par les Chambres d'agriculture.
Entre-temps, le barrage de Sivens a ravivé l'exaspération, les agriculteurs de la FNSEA défendant un projet légitime selon eux et destiné à irriguer des terres agricoles.
Après la mort d'un militant écologiste sur le site, les responsables syndicaux avaient appelé toutefois à défiler dans le calme, aucun débordement ne pouvant être admis dans ce contexte.
- Fumier sur un local des Verts -
Mercredi en fin d'après-midi, la FNSEA dénombrait 92 actions et 36.500 agriculteurs dans les rues sur fond de slogans sans équivoque: "Lâchez-nous la grappe", "400.000 normes? combien de paysans demain?", "Laissez-nous travailler".
Sur Twitter, son président Xavier Beulin saluait une mobilisation "jamais vue depuis des années" et des actions réalisées "dans le respect et la dignité".
Un avis que ne partageaient pas les Verts, à commencer par Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV, qui regrettait sur Twitter que "les barons de la mal-bouffe déversent leur fumier sur la France".
A Toulouse, le local EELV a été recouvert de fumier. Au Mans ou à Moulins, les esprits se sont échauffés en fin de manifestations, les forces de l'ordre faisant l'usage de gaz lacrymogène. Et dans de nombreuses villes, les agriculteurs ont laissé sur leur passage des tonnes de fumiers, des pneus et des denrées agricoles.
A Nantes, ils ont lâché des ragondins vers la préfecture et jeté des animaux morts (des ragondins et un sanglier) sur des tas de fumier, purin, lisier, poireaux.
Les agriculteurs d'Indre-et-Loire ont mis en place un barrage filtrant sur l'A10 au peage de Sorigny, au sud de Tours provoquant de fortes perturbations sur cet axe autoroutier reliant Paris et Bordeaux, a indiqué Vinci Autoroutes.
A Amiens, deux hommes ont été mis en garde à vue pour violences à agents de la force publique et pour dégradation de biens publics, selon la préfecture. Les manifestants "ont alors bloqué deux accès de l?A16 en protestation" puis "les interpellés ont été relâchés et les barrages ont été immédiatement levés", ont affirmé la FDSEA et les Jeunes agriculteurs dans un communiqué commun.
Mais, dans l'ensemble, les rassemblements se sont conclus dans le calme.
- 'Pas de visibilité' -
"Les paysans sont victimes d'une crise économique et d'une crise réglementaire, mais sont surtout en plein doute identitaire avec aucune visibilité sur leur avenir", a expliqué à Châlons-en-Champagne Thierry Huet, président de la FNSEA Champagne-Ardenne.
"Nous subissons depuis deux ans un empilement de taxes sur le travail et de normes fiscales, sociales et environnementales qui finissent par menacer nos métiers", a estimé Pascal Ferat, qui préside le Syndicat général des vignerons (SGV) de Champagne et qui manifestait exceptionnellement pour l'occasion.
A Dijon, le président des JA de Bourgogne, Samuel Legrand, a prévenu: cette manifestation "est la dernière sommation" et "s'il faut bloquer le pays, on le fera".
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