Barack Obama prenait la mesure mercredi de la déroute historique des démocrates au Congrès, signe de la défiance des Américains envers la politique économique du président, dont le discours sur la reprise est resté inaudible.
Six ans après son élection triomphale à la Maison Blanche, Barack Obama s'est réveillé mercredi avec la plus large majorité républicaine au Congrès depuis des décennies. Les républicains ont fait carton plein, pas seulement en remportant le Sénat et en accroissant leur majorité à la Chambre, mais aussi en élisant des gouverneurs dans des Etats qui n'avaient pas vu la couleur républicaine depuis longtemps.
Barack Obama livrera son analyse du scrutin à 19h50 GMT lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche. Reconnaîtra-t-il avoir subi une "raclée", le mot qu'il avait employé en 2010 après la perte de la Chambre ? Ou un "écrasement", l'image employée par George W. Bush en 2006, quand les démocrates avaient ravi le Congrès?
Et surtout: reconnaîtra-t-il, comme Bill Clinton en 1994, sa propre responsabilité dans la défaite?
Les électeurs de mardi sont 70% à estimer que la situation économique du pays est mauvaise; seuls 1% la qualifient d'"excellente", selon les sondages de sorties d'urnes conduits par un consortium de médias américains, et qui seront disséqués par les politologues.
La sentence tranche avec l'assertion, répétée à chaque déplacement par Barack Obama, que quasiment tous les indicateurs économiques américains sont au vert signe du redressement de l'économie depuis le pic de la récession en 2009. La croissance s'est affichée à 3,5% au troisième trimestre et le chômage au plus bas depuis six ans à 5,9%.
Les républicains ne font, certes, guère mieux que les démocrates ou le président en terme d'image, conséquence de la désaffection générale envers la classe politique; mais ils n'étaient pas jusqu'à présent aux responsabilités.
En 2012, 46% des électeurs croyaient que le pays allait "dans la bonne direction"; cette année, seuls 31% le pensent. Seul un sur cinq croit que la prochaine génération vivra mieux qu'aujourd'hui.
L'économie est la priorité des Américains, immédiatement suivie par la santé, l'immigration illégale et la politique étrangère: trois domaines où l'administration Obama joue aux pompiers depuis des mois, donnant l'impression d'une gestion approximative et sans vision. Ebola et le groupe Etat islamique furent d'ailleurs le thème de plusieurs publicités républicaines pendant la campagne.
- Critiques démocrates -
Le message envoyé par les électeurs, selon la stratège démocrate Celinda Lake mercredi: "soyez un peu productifs pour une fois".
"J'espère que le président pensera à son bilan et fera preuve d'un peu de leadership", plaidait l'ancien représentant démocrate Martin Frost, lors d'un conclave de politologues et sondeurs organisé par le National Journal.
La défiance est d'autant plus personnelle que les électeurs de plusieurs Etats ont, en même temps qu'ils votaient pour des candidats républicains, approuvé par référendum des mesures promues activement par les démocrates, y compris Barack Obama. Le salaire minimum va ainsi augmenter en Alaska, dans l'Arkansas, le Nebraska et le Dakota du Sud. Un référendum anti-avortement, à l'initiative des républicains, a échoué dans le Colorado, mais le sénateur démocrate sortant a été éjecté en même temps par les électeurs.
La carte électorale et la faible participation de la base démocrate ont contribué à la défaite législative.
Mais les républicains avançaient une autre raison pour leur victoire: ils ont rattrapé leur retard technologique et de terrain sur les démocrates de la génération Obama.
"Nous avons monté une infrastructure informatique et numérique sans précédent, ce qui nous a permis de mobiliser les électeurs et de gagner la bataille du terrain", s'est félicité le Comité national républicain dans un communiqué.
La qualité des candidats républicains au Sénat, qui ont mené une campagne sans gaffes contrairement à 2010 et 2012, est un indéniable facteur. Un nouveau contingent de sénateurs et sénatrices quadragénaires renouvellera l'image d'un parti souvent accusé d'être trop âgé et trop masculin.
Mais certains démocrates critiquaient ouvertement la Maison Blanche et le président.
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