La Française Lydie Salvayre a été sacrée mercredi par le Goncourt, le plus convoité des prix littéraires français, pour un roman sur la guerre d'Espagne, devançant les deux grands favoris, l'Algérien Kamel Daoud et l'auteur à succès David Foenkinos.
Privé de Goncourt, David Foenkinos, 40 ans, a été récompensé par un autre prix prestigieux, le Renaudot, décerné dans la foulée.
"Pas pleurer" (Seuil) de Lydie Salvayre a été préféré par les jurés, au 5e tour, au roman de Kamel Daoud, "Meursault contre-enquête".
Celui-ci, qui aurait été le premier Algérien à décrocher le Goncourt, avait semblé avoir prévu ce résultat en postant mercredi matin un message sur sa page Facebook : "J'aurais voulu offrir de la joie aux miens, aux gens, aux lecteurs. Tous. Rentrer au pays avec une belle image de soi", avait-il écrit.
"Je suis très heureuse, je suis très émue", a, quant à elle, réagi Lydie Salvayre, les larmes aux yeux.
Roman sur la guerre d'Espagne mais aussi vibrant hommage à une mère, "Pas pleurer" entrelace l'universel et le particulier, la violence et la légèreté, dans un savoureux mélange de français et d'espagnol.
Cette langue hybride, le "fragnol", est une des grandes singularités du roman de Lydie Salvayre, née en 1948 de parents républicains espagnols exilés dans le sud de la France pour fuir le franquisme et qui n'a appris elle-même le français qu'à l'école primaire.
"Pas pleurer" est aussi une histoire d'amour impossible entre deux jeunes gens issus de milieux sociaux et de clans républicains différents.
"Nous avons d?abord couronné un roman d?une grande qualité littéraire, un livre à l?écriture très originale, même si je regrette qu?il y ait parfois trop d?espagnol", a souligné Bernard Pivot, président de l?Académie Goncourt.
Le Premier ministre français Manuel Valls, originaire de Catalogne (nord-ouest de l'Espagne), a aussitôt salué sur Twitter la lauréate du Goncourt. "Avec cette vivacité du style, Lydie Salvayre a dit l'Histoire, la sienne et celle de tant d'autres. Bravo!"
- Cri d'amour -
David Foenkinos a pour sa part obtenu le Renaudot pour son roman "Charlotte", paru chez Gallimard, cri d'amour pour Charlotte Salomon, jeune artiste juive allemande assassinée à Auschwitz à 26 ans.
L'auteur de "La Délicatesse", best-seller avec son million d'exemplaires vendus, porté à l'écran, fait revivre avec passion dans ce livre le destin tragique de cette jeune femme.
"C'est absolument magique. Charlotte Salomon va être découverte par beaucoup de gens avec ce prix prestigieux qui va donner un éclairage formidable, c'est donc aussi un prix pour elle et pour sa mémoire, je suis très heureux car je pensais que ce livre ne se ferait jamais", a-t-il déclaré à l'AFP.
La mégastar belge Amélie Nothomb, finaliste du Renaudot, est repartie bredouille avec son 23e roman, "Pétronille" (Albin Michel).
Célèbre dans le monde entier, le Goncourt reste la consécration suprême pour un auteur mais aussi un jackpot, avec en moyenne 400.000 ventes à la clé pour le roman primé et des traductions en hausse.
Ainsi, le Goncourt 2013, "Au revoir là-haut", de Pierre Lemaitre, tiré initialement à 30.000 exemplaires, s'est écoulé à ce jour à 620.000 (Canada compris). Il est traduit en 30 langues.
La précédente femme lauréate du Goncourt a été Marie NDiaye, en 2009. Le Renaudot 2013 avait été attribué à Yann Moix.
Le bal des prix littéraires français, un marathon unique au monde, s'était ouvert le 30 octobre avec le prix de l'Académie française décerné à Adrien Bosc, auteur français de 30 ans, pour "Constellation", une captivante enquête sur le crash légendaire dans lequel périt le boxeur Marcel Cerdan.
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