Les républicains ont remporté mardi les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en prenant le contrôle du Congrès, un sérieux revers pour Barack Obama et ses alliés démocrates qui préfigure deux années d'une difficile cohabitation.
Les adversaires du président américain ont remporté la majorité au Sénat et renforcé leur majorité à la Chambre des représentants, ce qui les place en position de dicter l'agenda parlementaire jusqu'à l'investiture du successeur de Barack Obama.
Leurs priorités seront économiques. Des dizaines de lois "pro-croissance" sont prêtes pour autoriser la construction de l'oléoduc Keystone XL entre le Canada et le Golfe du Mexique, doper la production de gaz naturel, aider les petites entreprises et réduire les réglementations.
"Cette expérience de trop d'Etat a suffisamment duré. Il est temps de changer de direction! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie!", a déclaré après sa propre réélection le sénateur républicain Mitch McConnell, appelé à incarner en tant que chef de la majorité du Sénat l'opposition à Barack Obama.
Le président de la Chambre, le républicain John Boehner, a immédiatement annoncé que le nouveau Congrès, qui prendra ses fonctions début janvier, s'attacherait aussi à "réformer le code fiscal, réduire notre problème de dépenses, réformer notre système juridique, notre système de réglementations et améliorer notre système éducatif".
"Le message des électeurs est clair: ils veulent que nous travaillions ensemble", a concédé Harry Reid, actuel chef de la majorité démocrate.
Les républicains passent de 45 à au moins 52 sièges sur 100, selon les projections des télévisions américaines.
A la Chambre, ils pourraient gagner entre 14 et 18 sièges, selon la chaîne ABC, ce qui leur donnerait au moins 247 sièges, la plus forte majorité républicaine depuis les années 1930.
Au total, plus de 100 femmes siègeront au Congrès.
Les républicains auront pour responsabilité de remettre le Congrès au travail, après quatre années d'une guerre de tranchées parlementaire. Aucune réforme d'ampleur n'a été adoptée, notamment sur l'immigration qui reste un dossier brûlant avec plus de 11 millions de sans-papiers installés aux Etats-Unis.
Les sondages de sortie des urnes montraient un électorat désabusé: 79% des personnes ayant voté désapprouvent le travail du Congrès, et deux-tiers estiment que le pays va dans la mauvaise direction. Moins d'un sur trois se dit satisfait de l'administration de Barack Obama, un chiffre équivalent pour les dirigeants du parti républicain au Congrès, selon CNN.
Les démocrates ont sauvé leur siège du New Hampshire. Les candidats républicains ont repris aux démocrates les sièges de Virginie-Occidentale, du Dakota du Sud, du Montana, d'Arkansas, du Colorado, et de l'Iowa. La Louisiane organisera un second tour le 6 décembre, et les résultats en Alaska n'étaient pas encore connus.
- Dissensions républicaines -
Barack Obama, qui ne s'est pas exprimé mardi, a invité les responsables du Congrès à la Maison Blanche vendredi, selon son porte-parole. Les élus du Congrès actuel reviendront siéger à partir du 12 novembre, et le nouveau Congrès ne prendra ses fonctions que le 3 janvier.
Le président finira ainsi son mandat avec le parti adverse contrôlant les deux chambres du Congrès, comme avant lui George W. Bush, Bill Clinton, George Bush et Ronald Reagan. Les élections de mi-mandat ont traditionnellement pris la forme de votes-sanctions contre le parti au pouvoir à la Maison Blanche.
Ni la baisse du chômage à 5,9%, au plus bas depuis six ans, ni la robuste croissance du PIB, de 3,5% au troisième trimestre, ni sa réforme du système de santé ne semblent avoir été mis au crédit du démocrate.
L'accumulation de controverses et scandales (NSA, fisc, hôpitaux militaires, vague d'immigrés clandestins, Ebola aux Etats-Unis) et de crises à l'étranger (Ukraine, Syrie) n'a fait que renforcer la perception d'un manque de "leadership" à la Maison Blanche.
Reste à savoir ce que feront les républicains de leur majorité. Mitch McConnell a souligné que Barack Obama conservait son pouvoir de veto, et ne promulguerait vraisemblablement pas de lois démolissant les grands chantiers de sa présidence, à commencer par sa réforme du système de santé, Obamacare.
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