L'Ukraine se prépare à contrer une éventuelle offensive prorusse dans l'Est, tout en commençant à rembourser une partie de son importante dette gazière à la Russie, accusée par Kiev et l'Otan de massivement déployer des troupes dans les régions rebelles.
Au cours d'une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense, le président Petro Porochenko a déclaré que l'Ukraine restait fermement attachée au plan de paix, mais mettait en place une série de mesures pour se défendre et isoler les territoires aux mains des insurgés.
Dans le même temps, le groupe public ukrainien "Naftogaz a annoncé avoir remboursé au groupe russe Gazprom une première tranche de 1,45 milliard de dollars d'arriérés" de paiement sur les 3,1 milliards de dollars que Kiev doit verser d'ici à la fin de l'année, une première condition posée à la reprise des livraisons de gaz russe à l'Ukraine, coupées en juin.
Après que les dirigeants des séparatistes de l'Est ont annoncé que le port de Marioupol, sur la mer d'Azov, était leur prochain objectif, le président Porochenko a assuré que l'armée était prête à riposter.
"Plusieurs nouvelles unités et groupes ont été formés, ce qui permettra dès maintenant de contrer une éventuelle offensive sur Marioupol", Kharkiv (est), Berdiansk (sud) et la région de Dnipropetrovsk (centre-est), a-t-il déclaré.
Sur fond de craintes d'une nouvelle offensive d'envergure dans un conflit qui a fait plus de 4.000 morts depuis la mi-avril, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a affirmé mardi que "des forces spéciales russes" étaient présentes en Ukraine.
"La Russie continue de soutenir" les rebelles en "les entraînant, en fournissant des équipement et en ayant des forces spéciales à l'intérieur de l'Ukraine", a dit M. Stoltenberg.
Il a ainsi étayé les accusations de Kiev après la diffusion le week-end dernier de vidéos montrant des dizaines de camions militaires sans plaques d'immatriculation présentés comme "une colonne russe" dans l'est de l'Ukraine qui a coïncidé avec les élections organisées par les rebelles dimanche.
- 'Empêcher au cancer de s'étendre' -
A Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini s'est pour sa part alarmé de ce scrutin "illégal" qui "risque" de "faire perdre une occasion" de négocier la paix avec les insurgés et avec la Russie, le seul pays à reconnaître leur vote.
Les États-Unis ont joint leur voix à ces critiques, brandissant la menace de nouvelles sanctions contre Moscou.
Washington a en outre condamné "avec force les attaques séparatistes en cours à Marioupol () et autour de l'aéroport de Donetsk". "Toute tentative de percée dans le territoire de l'Ukraine constituerait une nouvelle violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale ukrainiennes, et une violation flagrante de l'accord (de cessez-le-feu) de Minsk signé (début septembre) par la Russie, l'Ukraine et les séparatistes", a mis en garde la diplomatie américaine
Après les élections, remportées par des leaders rebelles qui ont été investis "présidents" mardi, l'Ukraine est "contrainte" à durcir le ton et "isoler" militairement et économiquement la zone sous contrôle des séparatistes "afin
de ne pas permettre à ce cancer de s'étendre", a averti M. Porochenko.
Kiev pourrait ainsi renforcer les contrôles à la frontière entre ces territoires et le reste du pays et arrêter de leur fournir du gaz et de l'électricité, selon M. Porochenko.
Les autorités prévoient par ailleurs de supprimer la loi sur le "statut spécial" des régions séparatistes, adoptée en septembre et qui leur donnait pour trois ans une large autonomie.
L'adoption de cette loi avait été largement interprétée comme étant une "capitulation" des autorités ukrainiennes après une série d'échecs militaires face à une contre-offensive des rebelles soutenus, selon Kiev et l'Occident, par l'armée russe.
- Donetsk redoute la fin de la trêve -
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