L'homme fort de la transition au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Zida, va "remettre le pouvoir aux civils", selon le roi des Mossi, le plus influent chef traditionnel du pays, auquel il a rendu visite mardi.
Désigné par l'armée comme chef du régime intérimaire après la chute du président Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Isaac Zida a donc réitéré, mais de manière plus claire, sa promesse de la veille d'une transition "dans un cadre constitutionnel", "dirigée par une personnalité consensuelle", à en croire le roi des Mossi.
L'officier subit une forte pression internationale, notamment de la part de ses deux principaux alliés, Washington et surtout Paris, qui est enfin sorti de son silence pour exiger dans la nuit de lundi à mardi un transfert rapide du pouvoir aux civils.
Le lieutenant-colonel Zida, entouré d'une demi-douzaine de militaires, a rendu visite au Mogho Naba, chef très respecté de la plus importante communauté burkinabè, qui l'a reçu assis sur son trône, avec à ses côtés l'archevêque Philippe Ouédraogo et l'imam Sana, le chef de la communauté musulmane.
- 4x4 noir -
Accompagné de sa garde militaire, il s'est engouffré dans un gros 4x4 noir sans faire de commentaires après l'entretien.
Il devait rencontrer mardi midi le président du Conseil constitutionnel. Ce dernier ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise, en dépit de l'annonce par l'armée vendredi de la suspension de la Constitution et de la dissolution de l'Assemblée nationale.
L'opposition, qui rencontrait de son côté les représentants de la médiation tripartite conduite par l'ONU, la Cédéao -l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest- et l'Union Africaine (UA), s'est contentée d'une déclaration prudente.
Evoquant un "certain nombre de concertations en cours" sur la mise en place d'un régime de transition, le chef de file de l'opposition Zéphirin Diabré a déclaré : "Il faut voir quel modèle est adapté à la situation et au contexte".
L'opposition a exigé ces derniers jours que la direction de la transition revienne à un civil, mais ne semble pas opposée à ce que des militaires participent au nouvel exécutif.
La médiation tripartite avait elle réclamé dès dimanche une transition civile. L'UA a donné "deux semaines" aux militaires pour rendre le pouvoir aux civils.
De son côté l'ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès, réagissant pour la première fois aux événements, a signalé sa "totale disposition à travailler avec les autorités de transition".
A Ouagadougou, les rues de la capitale burkinabè étaient à nouveau pleines de monde mardi. Les vendeurs de rue étaient à pied d'oeuvre, sous un soleil de plomb dès le matin, a constaté un journaliste de l'AFP.
Lundi, le grand marché de la ville, centre névralgique du commerce, avait rouvert, ainsi que les banques et les écoles, après presque une semaine de fermeture.
Désigné par l'armée comme chef du régime intérimaire après la chute du président Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Zida doit également s'entretenir avec les entrepreneurs et les syndicats dans l'après-midi.
Longtemps silencieuse, la France, principal allié international du Burkina Faso, est sortie de sa réserve lundi soir en exigeant un transfert rapide du pouvoir aux civils.
Il faut "faire en sorte que des élections puissent avoir lieu", et "pour qu'elles puissent se tenir, il faut que ce soit un pouvoir civil qui puisse le faire, ce qui normalement doit être mené à bien dans les prochaines heures", a déclaré le président français François Hollande en déplacement au Canada.
Ce dernier a par ailleurs révélé que les autorités françaises avaient fait en sorte que l'évacuation de Blaise Compaoré, réfugié en Côte d'Ivoire, "puisse se faire sans drame" mais "sans y participer" elles-mêmes, sans plus de précision.
Jusqu'à présent, Paris était resté très discret publiquement sur la crise dans son ancienne colonie, contrairement à Washington, autre allié privilégié du Burkina Faso, qui avait réclamé dès dimanche un retour du pouvoir aux civils.
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