Coup dur pour le Premier ministre japonais: sa ministre de l'Industrie, Yuko Obuchi, ainsi que celle de la Justice, Midori Matsushima, ont démissionné lundi, et il a été obligé de s'excuser publiquement de ses choix.
"C'est moi qui les avais nommées. En tant que Premier ministre, j'en assume la responsabilité et je m'excuse profondément", a déclaré d'un ton grave Shinzo Abe.
Première à partir: la ministre de l'Industrie. "Je présente mes excuses les plus sincères pour n'avoir pu contribuer au renouveau économique, à la réalisation d'une société où les femmes rayonnent", a déclaré Mme Obuchi, visiblement secouée.
Elle est notamment soupçonnée d'avoir dépensé entre 2007 et 2012 plus de 10 millions de yens (près de 74.000 euros) sans aucun rapport avec ses activités politiques, notamment pour acheter des produits de beauté.
Quelques heures plus tard, c'était la titulaire de la Justice, 58 ans, qui sortait livide du bureau de M. Abe.
On lui reproche d'avoir violé le code électoral en distribuant de petits éventails avec son portrait et son nom à des électeurs de sa circonscription.
Les départs de Mme Obuchi, étoile montante du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) et fille d'un ancien Premier ministre, et de Mme Matsushima, deux mois à peine après leur nomination, constituent les premières démissions de membres de l'équipe Abe en deux ans.
Shinzo Abe misait beaucoup sur Yuko Obuchi, et à double titre.
D'abord, en nommant pour la première fois une femme à la tête de ce prestigieux ministère, il voulait en faire un symbole de sa politique envers les femmes qu'il veut attirer en nombre sur le marché du travail pour doper l'économie nationale.
Ensuite, M. Abe espérait que cette femme de 40 ans, mère de deux enfants, saurait trouver les mots pour convaincre les riverains des centrales nucléaires de la nécessité de redémarrer des réacteurs, tous à l'arrêt depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011.
Une tâche difficile si l'on en croit les sondages d'opinion qui, régulièrement, rendent compte de l'opposition des populations à ce redémarrage, au contraire souhaité le plus rapide possible par M. Abe et son gouvernement pronucléaire.
- 'Extrêmement regrettable' -
Cette démission est "extrêmement regrettable et dommageable pour le gouvernement", a aussitôt réagi Sadakazu Taniguchi, le numéro 2 du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir).
Pour féminiser son équipe, dans un pays réputé pour son machisme en politique, Shinzo Abe avait nommé début septembre cinq femmes à des postes importants à l'occasion du premier remaniement depuis son retour au pouvoir fin 2012.
Dans l'esprit du Premier ministre, elles représentaient des pièces maîtresses dans sa stratégie baptisée "womenomics", visant à donner un coup de fouet à sa stratégie économique globale des "abenomics", qui peine à produire des résultats sensibles, faute de réformes structurelles, comme le réclame notamment le FMI.
Pas de chance pour lui, ces cinq femmes sont toutes aujourd'hui au centre de polémiques gênantes.
Outre les deux partantes, Eriko Yamatani, chargée du dossier des Japonais enlevés par la Corée du Nord durant la Guerre froide, est dans le collimateur depuis que la presse a publié le mois dernier une photo d'elle avec un militant d'un groupe néo-nazi local.
En compagnie de celle-ci, Sanae Takaichi, la ministre des Affaires intérieures et de la Communication, ainsi que sa collègue Hariko Arimura, autre quadragénaire chargée de la Promotion des femmes et de la lutte contre la dénatalité, se sont en outre affichées samedi au sulfureux sanctuaire Yasukuni de Tokyo, au risque de hérisser Pékin.
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