Le mouvement prodémocratie a accusé dimanche la police d'avoir fait un usage excessif de la force après une nouvelle nuit de heurts violents à Hong Kong, où un ministre a prévenu que les manifestations qui entrent dans leur quatrième semaine avaient atteint un point "critique".
Des dizaines de policiers en tenue antiémeute ont chargé durant les premières heures dimanche un groupe de manifestants à Mongkok, l'un des trois sites occupés par les protestataires dans l'ancienne colonie britannique aujourd'hui sous tutelle chinoise, les frappant à coups de bâtons.
Vingt personnes ont été blessées, a dit le gouvernement local, sans préciser s'il s'agissait de policiers ou de manifestants et si les victimes avaient été atteintes à Mongkok, quartier très densément peuplé situé sur le continent, en face de l'île de Hong Kong.
Certains manifestants ont été évacués sur des civières, d'autres ont été soignés pour des blessures à la tête, des fractures et des contusions, selon des journalistes de l'AFP et des sources médicales.
- 'Du sang partout sur la tête' -
Policiers et manifestants ont livré des versions divergentes sur les causes de cette quatrième nuit consécutive de troubles.
La police, qui tentait de rouvrir à la circulation une artère importante, a assuré avoir fait preuve de retenue et avoir agi au moment où les protestataires avaient "soudainement tenté de forcer" ses cordons. Les policiers ont utilisé un "minimum de force pour disperser" les manifestants "afin d'éviter que la situation ne dégénère", a-t-elle dit.
Les manifestants ont eux expliqué qu'ils n'avaient rien fait pour provoquer les policiers. Ceux-ci ont chargé lorsqu'ils ont ouvert leurs parapluies, devenus le symbole de la mobilisation pour réclamer davantage de libertés démocratiques, et les ont posés sur des barricades, ont-ils dit.
"Ils nous ont frappés sans raison, a déclaré Jackie, 30 ans. J'ai reçu quatre ou cinq coups de matraque (.). J'avais du sang partout sur la tête et j'ai reçu des soins."
"La police a violé le principe" selon lequel il faut "faire un usage minimum de la force face à des manifestants pacifiques", a réagi James Hon, de la Ligue de défense de la liberté de Hong Kong, qui réunit des professionnels concernés par ce qu'ils considèrent comme l'érosion des libertés dans l'ancienne colonie britannique. Des manifestants auraient pu être grièvement blessés, voire tués, a-t-il estimé.
La campagne prodémocratie s'était brutalement intensifiée le 28 septembre lorsque les manifestants avaient été arrosés de gaz lacrymogène, ce qui avait précipité dans la rue des dizaines de milliers de protestataires.
- Courage politique -
Le mouvement est resté largement pacifique mais les tensions sont montées d'un cran ces derniers jours, lorsque la police s'est employée à débloquer des rues sur ces trois campements. Elle y est parvenue à Causeway Bay, quartier très commerçant prisé des Chinois et à Admiralty, près du siège du pouvoir, mais a perdu une partie du terrain repris à Mongkok.
Le ministre des Finances John Tsang a estimé que la campagne prodémocratie avait atteint un point "critique" et appelé les manifestants à se disperser.
"J'ai été jeune et j'ai pris part à divers mouvements étudiants", écrit-il sur son blog officiel. La décision de "battre en retraite ne sera pas facile. Elle demandera beaucoup de courage. Je crois que vous aurez le courage de prendre les bonnes décisions en ce moment critique", a-t-il lancé.
Le gouvernement se propose de rencontrer les étudiants, le fer de lance du mouvement, mardi. Carrie Lam, numéro deux de l'exécutif local, a expliqué que les pourparlers, qui seront diffusés en direct, se focaliseraient sur la réforme constitutionnelle.
Mais les protestataires ne se font guère d'illusions. Peu d'observateurs s'attendent à ce que Pékin, qui craint la contagion démocratique, fasse la moindre concession.
Les manifestants réclament la démission du chef de l'exécutif Leung Chun-ying, considéré comme la marionnette de Pékin, et l'instauration d'un véritable suffrage universel dans le territoire autonome qui vit sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Si la Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures.
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