La France a procédé samedi aux premiers contrôles de passagers en provenance d'un pays ouest-africain touché par Ebola dans un contexte d'inquiétude en Occident, alors que l'ONU et la Banque mondiale s'alarment du manque de solidarité internationale envers les pays africains touchés.
Les passagers du vol quotidien Air France reliant la capitale guinéenne Conakry à Paris ont été dépistés avec un thermomètre laser pour détecter d'éventuels cas de fièvre, à leur arrivée à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle.
Ce contrôle, déjà en vigueur en Grande-Bretagne et dans plusieurs aéroports américains, a uniquement été mis en place sur le vol venant de Conakry, seule liaison directe entre la France et l'un des trois pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés. Aucun cas confirmé d'Ebola n'a pour l'heure été détecté en France.
Le bilan de l'épidémie de fièvre hémorragique continue de s'alourdir à 4.555 morts et 9.216 cas enregistrés, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon les derniers chiffres publiés vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Seule information positive: l'OMS a annoncé que le Sénégal, qui avait déclaré un cas, désormais guéri, ne pouvait plus être considéré comme un pays touché par Ebola. La même annonce devrait suivre lundi pour le Nigeria, qui a enregistré 20 cas, dont 8 décès.
- Appel à la solidarité internationale -
Mais l'aide se fait attendre.
L'ONU et la Banque mondiale s'alarment du manque de solidarité internationale envers les pays africains touchés par Ebola et appellent à convertir en actes les promesses internationales d'aide financière et humaine.
"Nous sommes en train de perdre la bataille" face au virus, a déploré vendredi à Paris le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
"Certains pays ne se préoccupent que de leurs propres frontières", ce qui est "très inquiétant" selon M. Kim, pour qui "nous n'avons toujours pas pris conscience de la solidarité nécessaire" au niveau international.
Les Nations unies ont reçu jusqu'à présent 377 millions de dollars sur les 988 millions demandés, soit 38%, a relevé vendredi un porte-parole de l'OCHA (Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU) à Genève. "Il faut y ajouter 217 millions de dollars promis, mais qui ne sont pas encore arrivés sur les comptes bancaires", a-t-il précisé.
Et le fonds spécial de l'ONU mis en place pour parer aux urgences, le "Trust Fund", ne dispose que de 100.000 dollars sur les 20 millions initialement requis.
En réponse à cet appel, le gouvernement canadien, qui avait annoncé une contribution de 30 millions de dollars canadiens (21 millions d'euros) le mois dernier, s'est engagé vendredi à verser 30 millions supplémentaires.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé de son côté vendredi le lancement immédiat d'une distribution d'aide à 265.000 habitants de Freetown, la capitale de Sierra Leone.
La Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a décidé vendredi d'envoyer plus de 600 professionnels de santé, dont 41 médecins, en Afrique de l'Ouest.
La France a promis vendredi de "tout mettre en oeuvre pour aider les pays africains confrontés à Ebola, en particulier la Guinée".
Londres a de son côté envoyé en Sierra Leone un navire militaire médicalisé qui devrait arriver dans deux semaines à Freetown. Au total, la Grande-Bretagne prévoit d'envoyer 750 militaires dans son ancienne colonie pour aider notamment à la construction de centres de traitement.
En dépit de ses maigres moyens, Cuba s'est de son côté projeté à l'avant-garde de la lutte contre Ebola en dépêchant un important contingent en Afrique de l'Ouest.
- La peur de l'occident -
Pour organiser la riposte, et tenter de maîtriser la psychose qui commence à gagner du terrain, le président américain Barack Obama a nommé vendredi un coordinateur. Ron Klain, un avocat, devra s'assurer que "les efforts pour protéger les Américains en détectant, isolant et traitant les patients d'Ebola dans ce pays soient coordonnés".
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