Hong Kong a connu une nouvelle nuit de violences entre la police et les manifestants prodémocratie qui sont parvenus samedi à réoccuper un site que les autorités avaient dégagé la veille.
Les affrontements ont débuté vendredi à 20h00 locales (12h00 GMT), quand les manifestants ont tenté de reprendre une voie principale du quartier densément peuplé de Mongkok, qu'ils avaient occupée pendant près de trois semaines.
Les manifestants ont déployé des parapluies et forcé le cordon de police, les policiers rétorquant à l'aide de matraques et de gaz au poivre pour les repousser.
"La police n'a plus le contrôle de la situation. Ils ont perdu la tête", a lancé un manifestant, Peter Yuen, les yeux protégés derrière des lunettes de natation. "Nous sommes venus ici pacifiquement, pour manifester pacifiquement pour notre avenir."
Les forces de l'ordre, qui avaient rendu la voie à la circulation 24 heures plus tôt, ont reculé au lever du soleil, sous les vivats de la foule.
Des protestaires se sont alors précipités pour remonter des barricades, tandis que des milliers d'autres -- jusqu'à 9.000 manifestants étaient à Mongkok vers 03h00 locales (vendredi 19h00 GMT) -- s'asseyaient pour bloquer la voie.
La police a annoncé l'arrestation de 26 personnes et signalé que 15 de ses agents ont été blessés.
Une photographe de l'agence Getty Images, Paula Bronstein, a été interpellée pendant la nuit avant d'être libérée sous caution.
Mongkok avait déjà été le théâtre de violences, notamment lorsque les manifestants s'étaient heurtés début octobre à des centaines d'habitants exaspérés auxquels s'étaient mêlés des militants pro-Pékin et des hommes de main de la mafia chinoise.
Cette nouvelle nuit de heurts risque de compromettre le retour au dialogue proposé par le gouvernement local aux étudiants, fer de lance de la contestation, pour mettre fin aux blocages.
- Discussions au point mort -
Ces blocages, en place depuis le 28 septembre, ont fortement perturbé l'activité à Hong Kong et la vie quotidienne des plus de sept millions d'habitants de ce territoire semi-autonome enclavé à l'extrême sud de la Chine, qui connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
La police s'est employée cette semaine à démanteler les barricades sur les trois sites occupés par les manifestants: à Admiralty, près du siège du pouvoir, à Causeway Bay, quartier commerçant prisé des Chinois du continent, et à Mongkok.
Parallèlement, le chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, a entrouvert la porte des discussions.
"Nous avons fait savoir aux étudiants que nous aimerions entamer un dialogue sur le suffrage universel le plus rapidement possible, et si possible durant la semaine à venir", a-t-il dit jeudi.
Dans un communiqué publié vendredi peu avant le début des violences à Mongkok, la Fédération des étudiants de Hong Kong (HKFS) a exigé que les discussions commencent d'ici à mercredi. Non sans prévenir que le démantèlement du campement de Mongkok avait "détérioré les bases du dialogue".
En fait de dialogue, les étudiants ne se font guère d'illusions sur leurs chances d'obtenir satisfaction sur leurs principales revendications: la démission de Leung Chun-ying et l'instauration d'un véritable suffrage universel.
Si la Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017, elle entend garder la haute main sur le processus électoral et conserver le contrôle des candidatures, à travers un comité avec droit de véto.
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