"Ca, c'est votre plus grande taille?" Dans un showroom de Tokyo, Géraldine Florin, acheteuse aux Galeries Lafayette, a revêtu un petit blouson noir zippé et scrute son image dans le miroir. En face, l'équipe d'une marque de mode japonaise opine.
"En France ce serait un XS!", s'exclame l'acheteuse des grands magasins parisiens venue prospecter en marge de la Fashion Week de la capitale nippone, pour dénicher de nouveaux créateurs et tendances. "C'est très joli en tous cas", commente-t-elle en admirant les finitions.
Dans le local blanc au sol de béton clair où sont exposées les créations de la marque "John Lawrence Sullivan", la Française tombe ensuite en arrêt devant un pull. De fins rubans de polyester sont pris dans la maille. "Je n'ai jamais vu ça. Vous utilisez une machine spéciale?", s'enquiert-elle.
Tout en passant en revue les pièces de la collection, essentiellement en noir et blanc, qui sont suspendues à des portants, elle enchaîne les questions, traduites par une interprète, sur le lieu de fabrication, l'origine des tissus, le prix moyen, le coefficient entre prix d'achat et prix de vente..
Au total, plus d'une trentaine de rendez-vous ont été organisés sur trois jours par le gouvernement nippon pour cette professionnelle. "Il faut avoir l'oeil sur tout ce qui se passe dans le monde car aujourd'hui la mode est mondiale", souligne l'acheteuse, dont deux collègues sont quant à eux partis pour Istanbul et Séoul.
Son bilan? "Il y a ici un savoir-faire et une qualité incroyables", reposant sur une longue tradition de production textile. "Mais pour s'internationaliser, juge-t-elle, les Japonais doivent évoluer sur certains points", notamment élargir l'éventail de tailles qui se réduit souvent à deux ou trois.
Chez un autre designer, "Lamarck", ce sont des broderies qui retiennent l'attention de l'acheteuse. Elles sont faites au Japon. Mais la qualité se paie, et avec les taxes et les frais de port, les prix de vente montent à plusieurs centaines d'euros.
- 'Denim le plus cher du monde' -
Le prix est aussi une préoccupation majeure de Jennifer Mankins, propriétaire des concept stores Bird, dans le quartier new-yorkais de Brooklyn.
"C'est particulièrement vrai pour le denim japonais, qui est le plus cher du monde. Si vous avez aux Etats-Unis un jean de 150 dollars et à côté un jean venant du Japon de 350 dollars, il y a des gens qui vont vous demander pourquoi cela coûte 350 dollars", relève l'acheteuse.
Même si, dans le quartier à la mode où sont installés ses magasins multi-marques, les gens sont "soucieux des détails et de la façon dont les choses sont fabriquées", souligne Jennifer Mankins. Elle, qui voit des centaines de collections par an, explique aussi "voyager autant qu'elle peut", au Brésil, en Argentine et Scandinavie notamment.
Dans le showroom de la marque japonaise pour hommes "Still By Hand", l'Américaine sélectionne une dizaine de pièces, pantalons, chemises, qu'elle met à part sur un portant et photographie.
Elle prévient toutefois que pour le printemps prochain, les collections hommes sont déjà bouclées, et les deux parties se séparent en promettant de rester en contact.
"En général je ne passe pas de commandes dans les showrooms, je prends des rendez-vous pour avoir une vue d'ensemble du marché, et ensuite sélectionner le meilleur de ce que j'ai vu, en regardant mes photos une fois rentrée", explique-t-elle à l'AFP.
Qualité et originalité sont les maîtres-mots des acheteurs thaïlandais des magasins "Heavy Selection" à Bangkok, principalement dédiés au jean. Eux-mêmes habillés en denim de pied en cap, ils sont en quête de vêtements à assortir avec cette matière.
"Pour chaque marque, nous recherchons le produit d'excellence. Par exemple si un créateur est bon en t-shirt, je ne vais acheter que du t-shirt", et non l'ensemble du look proposé, explique l'un d'eux, M.L. Trichak Chitrabongs.
Les créateurs de "Still By Hand" mettent en avant leurs chemises. Mais les acheteurs thaïlandais en ont déjà suffisamment en magasin, et partent déjà vers un autre rendez-vous.
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