L'ONU et la Banque mondiale s'alarment du manque de solidarité internationale envers les pays africains touchés par Ebola, qui a tué 4.555 personnes, et appellent à convertir en actes les promesses internationales d'aide financière et humaine.
"Nous sommes en train de perdre la bataille" face au virus, s'est lamenté le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors d'une conférence de presse à Paris.
"Certains pays ne se préoccupent que de leurs propres frontières", ce qui est "très inquiétant" selon M. Kim, pour qui "nous n'avons toujours pas pris conscience de la solidarité nécessaire" au niveau international.
L'épidémie de fièvre hémorragique a fait 4.555 morts sur 9.216 cas enregistrés, selon le dernier bilan publié vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Si sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis) ont été touchés, l'Afrique de l'Ouest reste de très loin la région la plus affectée.
Seule lueur: l'OMS a annoncé que le Sénégal, qui avait déclaré un cas, désormais guéri, ne pouvait plus être considéré comme un pays touché par Ebola. La même annonce devrait suivre lundi pour le Nigeria, qui a enregistré 20 cas, dont 8 décès.
Mais l'aide se fait attendre.
Les Nations unies ont reçu jusqu'à présent 377 millions de dollars sur les 988 millions demandés, soit 38%, a déclaré vendredi un porte-parole de l'OCHA (Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU) à Genève. "Il faut y ajouter 217 millions de dollars promis, mais qui ne sont pas encore arrivés sur les comptes bancaires", a-t-il précisé.
Et le fonds spécial de l'ONU mis en place pour parer aux urgences, le "Trust Fund", ne dispose que de 100.000 dollars sur les 20 millions initialement requis.
-Aide de l'Afrique de l'Est-
La Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a décidé d'envoyer plus de 600 professionnels de santé, dont 41 médecins, en Afrique de l'Ouest pour combattre l'épidémie, a annoncé vendredi le bloc qui regroupe cinq pays de la région.
Le Kenya compte envoyer 15 médecins, l'Ouganda 14, le Rwanda sept et la Tanzanie cinq. Le Burundi entend envoyer 250 auxiliaires de santé, et le Kenya 300.
La France, qui a renforcé les mesures de contrôle à ses frontières, a promis vendredi de "tout mettre en oeuvre pour aider les pays africains confrontés à Ebola, en particulier la Guinée".
Londres a de son côté envoyé en Sierra Leone un navire militaire médicalisé, avec un hôpital, trois hélicoptères et 350 personnes à bord. Il devrait arriver dans deux semaines à Freetown. Au total, la Grande-Bretagne prévoit d'envoyer 750 militaires dans son ancienne colonie pour aider notamment à la construction de centres de traitement.
La Chine, critiquée par des responsables américains pour la modicité de son assistance, a défendu son action sur un continent où elle est de plus en plus présente au plan économique.
Depuis le début de l'année, Pékin a offert aux pays d'Afrique de l'Ouest 234 millions de yuans (30 millions d'euros) en aide d'urgence, a affirmé Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé jeudi un don supplémentaire de 100 millions de yuans (12,7 millions d'euros), comprenant des ambulances, des motocyclettes et des kits médicaux, a ajouté M. Hong.
Pour organiser la riposte, et tenter de maîtriser la psychose qui commence à gagner du terrain, le président américain Barack Obama a nommé vendredi un coordinateur.
Ron Klain, un avocat, devra s'assurer que "les efforts pour protéger les Américains en détectant, isolant et traitant les patients d'Ebola dans ce pays soient coordonnés", a indiqué à l'AFP un responsable de la Maison Blanche.
"Je veux que tout le monde comprenne que c'est une maladie très difficile à attraper" avait martelé M. Obama jeudi, tout en assurant comprendre que les Américains aient "peur" face à ce virus.
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