Le procureur de Toulouse a annoncé vendredi soir avoir mis à la fin de la garde à vue du policier entendu depuis le matin après avoir tué d'une balle un jeune braqueur de supérette, le parquet privilégiant la thèse de la "légitime défense".
Des agents de l'inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) dépêchés sur place devaient cependant poursuivre l'enquête "sur les circonstances de l'usage de son arme par le policier".
Ce membre de la Brigade anti-criminalité (Bac) - dont aucun élément d'identité n'a pas été révélé - avait été placé en garde à vue deux heures après le drame survenu vers 6H30, dans le cadre d'une enquête ouverte pour "homicide volontaire".
Mais le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a annoncé en début de soirée avoir levé cette mesure de garde à vue, après avoir eu accès aux éléments de procédure. Il n'a relevé "aucune incohérence" dans les déclarations des policiers et des témoins, a-t-il dit à l'AFP.
Le magistrat avait auparavant assuré, au cours d'une conférence de la presse, que les éléments recueillis jusqu'alors "permettaient d'évoquer une situation de légitime défense" du policier.
Ce dernier se serait senti "menacé", face au braqueur de 20 ans, qu portait un bonnet et s'était muni d'"un pistolet à grenailles qui ressemblait à une vraie arme", pour tenter de voler l'argent de la caisse d'un magasin Carrefour City.
Selon le parquet, l'individu était né en 1994 dans l'île de Saint-Martin (Antilles françaises). Il était "connu des services de police" mais n'avait été condamné qu'"une fois pour un délit routier".
Il y avait surgi peu après 6H00 en menaçant les cinq employés présents. Le braqueur avait frappé d'un coup de crosse un des employés, à la tête. Un autre salarié avait pu donner l'alerte à 6H16. Et un équipage de la Brigade anti-criminalité (BAC) en civil était arrivé moins de cinq minutes après.
Selon le récit des faits par le procureur, le premier policier entré dans le couloir menant à un lieu de stockage a vu "surgir" le jeune braqueur "de l'angle du mur, arme en direction des policiers" et a "immédiatement" tiré, "une seule fois".
Le jeune s'est "effondré dans le magasin après avoir parcouru une dizaine de mètres", a affirmé le procureur. La balle a percé le coeur et le poumon, provoquant une mort quasi instantanée, selon les résultats de l'autopsie.
- Une seule détonation -
Le braqueur portait un pistolet à grenailles, "réplique de pistolet automatique". "Les munitions ne pouvaient être létales", a dit le magistrat, même si "des armes à grenailles ont déjà tué".
Dans ces conditions, pourquoi le jeune homme aurait-il cru pouvoir viser des policiers? C'est l'une des questions qui se posent aux cinq agents de la "police des polices". Ils devaient également analyser les vidéos des caméras du magasin, mais le procureur a dit si elles avaient bien fonctionné.
M. Couilleau a mis en valeur les déclarations du policier, décrit comme "pondéré" et "parfaitement conscient de ce qui venait de se passer": "Les yeux dans les yeux, il m'a dit +Monsieur le procureur, mon travail, ce n'est pas de tuer des gens+".
Dans la matinée, les syndicalistes policiers s'étaient succédé aux abords de la supérette pour soutenir le collègue en garde à vue, décrit comme "très professionnel", "sans aucune casserole".
"S'il faut attendre de prendre une vraie balle pour savoir si c'est une vraie arme, ça devient difficile pour nous", la légitime défense, a dit le secrétaire régional d'Alliance, Luc Escoda, en rappelant que la veille, une attaque à main armée de supermarché avait eu lieu à Tournefeuille, près de Toulouse.
Vendredi matin, le gérant de la supérette où le jeune braqueur a été abattu, Luis Ribero, désemparé, répétait qu'il n'y avait pourtant "pas grand-chose à voler" dans son magasin, "juste le fond de caisse".
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