Un policier était en garde à vue vendredi à Toulouse après avoir tué d'une balle un jeune braqueur de supérette du centre de la ville où "la police des polices" devra étudier la thèse de la "légitime défense" privilégiée par le parquet.
"Mes propres observations et les éléments recueillis semblent étayer cette thèse (de la légitime défense du policier, ndlr) mais je dois me livrer à une analyse en profondeur", a dit à la presse le procureur de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau.
Le jeune homme, tué pendant sa tentative de braquage, avait 20 ans et était né dans l'île de Saint-Martin (Antilles françaises).
Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'était muni d'un bonnet et d'un pistolet à grenailles qui ressemblait à une vraie arme", pour tenter de voler l'argent de la caisse d'un magasin Carrefour City.
Il y avait surgi peu après 6H00 en menaçant les cinq employés présents, une heure avant l'ouverture du commerce. Le braqueur avait frappé d'un coup de crosse un des employés, à la tête. Un autre salarié avait pu donner l'alerte à 6H16. Et un équipage de la Brigade anti-criminalité (BAC) en civil était arrivé moins de cinq minutes plus tard, a précisé le procureur.
Selon son récit, le premier policier à entrer dans le couloir menant à un lieu de stockage a vu "surgir" le jeune braqueur "de l'angle du mur, arme en direction des policiers". L'agent, se sentant menacé, a "immédiatement" tiré, une seule fois.
Atteint au thorax, le jeune "s'est effondré dans le magasin après avoir parcouru une dizaine de mètres", a affirmé le procureur. La balle a percé le coeur et le poumon, provoquant une mort quasi instantanée, selon les résultats de l'autopsie.
- Une seule détonation -
Le braqueur était seulement muni d'un pistolet à grenailles, "une réplique de pistolet automatique", selon le magistrat. "Les munitions ne pouvaient être létales", selon lui, même si des armes à grenailles ont déjà tué.
Donc pourquoi le jeune homme a-t-il cru pouvoir viser des policiers? C'est l'une des questions qui se posent aux cinq agents de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices), dépêchés sur place.
Cet agent a été placé en garde à vue dès 8H30 le matin, dans le cadre d'une enquête ouverte pour "homicide volontaire". Sur place, "il m'a dit +Monsieur le procureur, mon travail, ce n'est pas de tuer des gens", a rapporté le magistrat. La victime était "connue des services de police" mais n'avait été condamnée qu'"une fois pour un délit routier".
Dans la matinée, les syndicalistes policiers s'étaient succédé aux abords de la supérette, pour apporter leur soutien à leur collègue gardé à vue, décrit comme "un agent très professionnel, sans aucune casserole".
"S'il faut attendre de prendre une vraie balle pour savoir si c'est une vraie arme, ça devient difficile pour nous", la légitime défense, a dit le secrétaire régional d'Alliance, Luc Escoda. Et le secrétaire régional d'UNSA, Cédric Delage, a assuré que la délinquance était "en hausse depuis une dizaine d'années" tandis que "les effectifs et budgets de la police nationale baissaient en Haute-Garonne".
La veille, une attaque à main armée de supermarché avait eu lieu à Tournefeuille, commune limitrophe de Toulouse, et les malfaiteurs étaient repartis avec un butin.
Au bar voisin de la supérette, Gérard, 57 ans, estimait: "il a perdu: ce sont les risques du métier de braqueur".
Le gérant de la supérette, Luis Ribero, répétait qu'il n'y avait "pas grand-chose à voler" dans sa supérette, "juste le fond de caisse."
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