La présidente de la Banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen, s'est déclarée vendredi "très inquiète" du creusement constant des inégalités aux Etats-Unis, qui atteignent un sommet depuis le début du siècle dernier.
"L'étendue du progrès constant de l'inégalité aux Etats-Unis m'inquiète beaucoup", a déclaré vendredi la patronne de la Fed dans un discours prononcé à Boston (Massachusetts, nord-est) et consacré aux inégalités lors d'une conférence économique.
"Je pense qu'il est temps de s'interroger sur le fait de savoir si cette tendance est compatible avec les valeurs d'égalité des chances qui sont enracinées dans l'histoire de notre société", a-t-elle encore ajouté.
Mme Yellen, qui n'a pas évoqué vendredi la politique monétaire ni les turbulences sur les marchés financiers, a déjà, à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction en février, mis fortement l'accent sur les aspects sociaux de la lente reprise économique aux Etats-Unis.
Son premier grand discours en tant que présidente de la Réserve fédérale au début de l'année était intitulé "La douloureuse et lente reprise pour les travailleurs américains". Au sein du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale, Mme Yellen, 68 ans, est connue comme une "colombe", décrivant, dans le langage de la Fed, les responsables soucieux d'abord de lutter contre le chômage plutôt que comme un "faucon", préoccupée en premier lieu par l'inflation.
"Le creusement des inégalités a recommencé pendant la reprise économique alors que le marché boursier a rebondi, que la croissance des salaires () a été faible et que la hausse des prix des maisons n'a pas restauré le patrimoine perdu pour une grande partie des ménages", a averti Mme Yellen à Boston.
-5% des ménages ont 63% des richesses-
Selon elle, les inégalités des revenus et du patrimoine aux Etats-Unis ont désormais "quasiment atteint un sommet depuis un siècle".
Après l'éclatement de la bulle financière et immobilière en 2008, les Etats-Unis ont glissé dans la récession jusqu'en juin 2009. Depuis, une modeste reprise s'est lentement installée.
S'appuyant sur les données d'une vaste étude de la Réserve fédérale publiée tous les trois ans, Mme Yellen a rappelé que les revenus moyens des 5% des ménages les plus riches ont grimpé de 38% entre 1989 et 2013. En comparaison, les revenus des 95% de ménages restants n'ont augmenté que de 10%.
"La distribution des richesses est encore plus inégale que celle des revenus", a en outre insisté la présidente de la Fed. "Les 5% des ménages américains les plus aisés détenaient 54% de toute la richesse en 1989. Cette part a grimpé à 63% en 2013", a-t-elle ajouté.
L'année dernière, seulement 1% de toutes les richesses aux Etats-Unis était détenu par la moitié des ménages situés dans la moitié basse de l'échelle.
Evoquant la valeur des actions, obligations et autres parts de fonds communs de placement, Mme Yellen a souligné qu'à eux seuls, 5% des ménages les plus riches possédaient les deux tiers de tous ces actifs financiers.
Pour Harm Bandolz, économiste en chef pour les Etats-Unis chez UniCredit, le sujet abordé par Mme Yellen "pourrait se révéler bien plus important pour l'avenir de l'économie américaine et des économies avancées même si les marchés, qui espéraient recueillir des indices sur l'orientation de la politique monétaire, vont se montrer déçus".
Sans offrir de solutions à ces inégalités grandissantes doublées d'un net ralentissement de l'ascension et de la mobilité économiques, Mme Yellen a mis en avant l'importance de l'éducation et dénoncé les dysfonctionnements de son financement dans le pays.
Comme d'autres responsables financiers américains récemment, elle s'est inquiétée du fardeau de l'endettement étudiant alors que la dette étudiante a quadruplé en dix ans pour dépasser les 1.000 milliards de dollars.
Concernant l'école publique, Mme Yellen a relevé que les Etats-Unis "était une des rares économies où l'on dépense moins pour l'éducation des enfants à modeste revenu que pour celle des enfants venant de ménages aisés".
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