La police hongkongaise a démantelé vendredi à l'aube un important campement des manifestants prodémocratie, au risque de compromettre le retour au dialogue proposé par le gouvernement local aux étudiants pour mettre fin aux blocages.
Après la destruction cette semaine des barricades érigées sur l'île principale, à Admiralty, près du siège du pouvoir, et à Causeway Bay, quartier commerçant prisé des Chinois, les policiers ont dégagé le campement situé dans le quartier densément peuplé de Mong Kok, sur la partie continentale de Hong Kong.
Les lieux étaient pratiquement vides au moment de l'intervention, et les policiers ont enlevé tentes et barricades sans rencontrer de résistance, sous les vivats des riverains.
"Et comment je suis heureuse ! Les routes sont faites pour les voitures. Nous devons travailler", se réjouissait Wong, une quinquagénaire employée de ménage.
La veille, le chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, avait entrouvert la porte des discussions une semaine après que son gouvernement eut annulé un premier rendez-vous avec les contestataires.
Ces derniers réclament sa démission et l'instauration d'un véritable suffrage universel dans le territoire autonome, passé dans le giron chinois en 1997 et qui vit sa plus grave crise politique depuis cette date.
"Au cours des derniers jours, et y compris ce matin via des tiers, nous avons fait savoir aux étudiants que nous aimerions entamer un dialogue sur le suffrage universel le plus rapidement possible, et si possible durant la semaine à venir", a dit Leung Chun-ying à la presse.
- Etudiants déçus -
Echaudés par les revirements apparents de l'exécutif, les syndicats d'étudiants avaient accueilli cette offre avec prudence. Vendredi matin, après l'opération de Mong Kok, ils faisaient planer la menace d'une fin de non-recevoir.
"Cette intervention n'était pas uniquement destinée à dégager les barricades mais à faire partir tous (les manifestants) de la zone occupée", a réagi Ivan Law, de la Fédération des étudiants de Hong Kong (HKFS). "Je suis très déçu", a-t-il déclaré à l'AFP, précisant que son syndicat se réunirait dans la journée pour décider de la suite.
En fait de dialogue, les étudiants ne se font guère d'illusion sur leurs chances d'obtenir satisfaction.
Si la Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017, elle entend garder la haute main sur le processus électoral et conserver le contrôle des candidatures, à travers un comité avec droit de véto.
Pékin ne va pas changer d'avis, a prévenu "C.Y" comme est surnommé à Hong Kong le chef du gouvernement local. "La politique, c'est l'art du possible et nous devons faire la part des choses entre ce qui est possible et ce qui est impossible", a-t-il dit.
La nouvelle proposition du pouvoir ponctue plusieurs jours de heurts entre protestataires et policiers munis de matraques et de sprays au poivre.
Les images montrées en boucle par la télévision locale d'un manifestant battu par des policiers en civil ont achevé de scandaliser les manifestants, tout en inquiétant Washington qui a souhaité une "enquête claire et rapide".
- Usage excessif de la force -
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