Oscar Pistorius "doit payer pour ce qu'il a fait" et aller en prison dès lors que sa sécurité y est assurée, a réclamé jeudi la famille de sa victime, Reeva Steenkamp, estimant qu'une peine légère enverrait un message laxiste à toute l'Afrique du Sud.
La juge Thokozile Masipa, qui ne rendra pas sa sentence vendredi mais à une date ultérieure, a toute latitude pour imposer à l'ex-champion paralympique une amende ou du sursis comme le suggère la défense.
Mme Masipa, dont le verdict d'homicide involontaire a suscité la polémique en septembre, a ajourné l'audience après la pause déjeuner.
Elle s'est assurée que la journée de vendredi suffirait pour que le parquet et la défense en terminent avec leurs arguments respectifs, sans dévoiler son calendrier.
"Je pense qu'il faut envoyer comme message à la société qu'on n'a pas le droit de faire ça et s'en tirer comme ça", a plaidé Kim Martin, la cousine chérie de la victime, Reeva Steenkamp, d'une voix étranglée par l'émotion, toujours au bord des larmes.
Les excuses présentées au procès par l'athlète sud-africain ne lui ont "pas paru sincères".
"Je pense vraiment que M. Pistorius doit payer pour ce qu'il a fait", a-t-elle répété, au lendemain d'un hommage poignant à sa cousine, jeune top-modèle de 29 ans abattue de quatre balles à travers une porte de toilettes alors qu'elle passait la nuit du 14 février 2013 chez Pistorius.
Le champion handisport sud-africain, héros des Jeux Olympiques de Londres 2012 où il avait couru sur ses prothèses parmi les valides, a été reconnu coupable d'homicide involontaire. Il affirme qu'il voulait neutraliser un cambrioleur.
"Ma famille n'est pas de celles qui veulent vengeance. On pense simplement que prendre la vie de quelqu'un, tirer derrière une porte sur quelqu'un qui n'est pas armé, inoffensif, mérite une sanction suffisante", a cependant insisté la cousine de Reeva.
"J'étais très inquiète tant que j'ai cru que les conditions en prison seraient mauvaises pour lui. Mais j'ai découvert que son processus de réhabilitation en prison serait humain et protégerait sa dignité d'être humain", a-t-elle ajouté.
Elle a souligné qu'une peine légère "favoriserait la criminalité" dans un pays dont c'est le principal problème de société, avec 47 homicides par jour en moyenne.
- Prison médicalisée -
Répliquant aux arguments de la défense qui affirme que Pistorius serait "brisé" en prison et mal suivi médicalement, le parquet a ensuite fait témoigner un haut responsable de l'administration pénitentiaire, Zacharia Modise.
"Je peux confirmer en toute confiance que si le tribunal, à n'importe quel moment, décide qu'il doit aller en prison, il y a des établissements où nous pouvons incarcérer et accueillir l'accusé", a déclaré ce haut fonctionnaire.
Il n'a pas caché l'existence de "problèmes", l'Afrique du Sud démocratique ayant hérité de l'apartheid des bâtiments très vieux, conçus principalement pour enfermer, sans le souci à l'époque de réhabiliter les détenus.
Beaucoup de prisons manquent de gardiens, et l'Etat est régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour garantir la sécurité des détenus en prison, notamment là où les gangs font la loi.
Mais les prisons - plus de 230 - ne sont pas toutes les mêmes, a souligné le procureur Gerrie Nel qui a laissé entendre que l'aile médicalisée de la prison centrale de Pretoria "Kgosi Mampuru" ferait parfaitement l'affaire.
"Y a-t-il des cellules individuelles ?", a-t-il demandé. "Oui, avec toilettes, un lit avec un matelas, une couverture, des draps et un oreiller", a répondu le responsable pénitentaire. "Et un placard individuel?", a relancé le procureur Gerrie Nel. "Oui", a certifié M. Modise.
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