La justice rend sa décision jeudi matin sur la demande de remise en liberté de l'anesthésiste belge de la maternité d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques), placée en détention après le décès d'une de ses patientes lors d'un accouchement alors que l'anesthésiste a admis avoir bu ce jour-là.
L'anesthésiste de 45 ans, qui a comparu mardi devant la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Pau pour demander sa remise en liberté, est en détention provisoire depuis le 2 octobre à la maison d'arrêt de Pau après sa mise en examen pour "homicide involontaire aggravé".
Lors de ses différentes auditions, Helga Wauters a reconnu "avoir bu" le soir des faits "une demi-bouteille d'un mélange de vodka et d'eau de 50 cl" car il lui "faut de la vodka pour ne pas trembler". "Je n'étais pas ivre, j'étais à 70% de mes capacités", avait-elle affirmé, expliquant avoir, le 26 septembre à 18H00, quelques heures seulement avant l'accident, consommé sa dose quotidienne habituelle.
Ce soir-là, elle a la charge d'une parturiente de 28 ans, d'origine britannique. vivant à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques), Helga Wauters, lui fait sa péridurale, puis sort boire "un verre de rosé" chez des amis.
Mais l'accouchement se passe mal et une césarienne devient nécessaire. L'équipe médicale appelle au téléphone l'anesthésiste, qui arrive à pied et sent l'alcool. Alors qu'elle prépare l'anesthésie générale de la patiente, son comportement et son élocution paraissent étranges à ses collègues. J"'étais dans un état second, débordée, ma perception était certainement modifiée", avouera Helga Wauters.
La situation tourne vite au drame: au lieu de se servir du respirateur du bloc opératoire, l'anesthésiste utilise à la place un ballon manuel pour ventiler sa patiente, elle intube les voies digestives au lieu des voies respiratoires.
Selon les témoignages cités par la Cour, l'obstétricien qui a la responsabilité de l'accouchement demande alors l'intervention d'un autre anesthésiste, mais aucun remplaçant n'est disponible.
Prévenu, le Samu découvrira à son arrivée "une patiente en arrêt cardiaque, cyanosée, et des personnes sur place qui restent inactives". Les secours la raniment et la transfèrent en urgence à l'Hôpital de Pau, où elle décède le 30 septembre. Son bébé est sain et sauf.
Convoquée au lendemain du décès, l'anesthésiste s'était présentée devant les gendarmes avec un taux d'alcoolémie de 2,4 g/l dans le sang. A son domicile, les enquêteurs retrouveront 17 bouteilles de vodka vides.
- L'enquête ne fait que commencer -
Anesthésiste depuis 1994, elle avait été récemment recrutée par la clinique privée d'Orthez où elle exerçait, à titre libéral. Elle n'était pas membre du personnel de l'hôpital mais, en vertu d'une convention signée entre la clinique, l'hôpital public et l'Agence régionale de santé (ARS), elle intervenait le soir de l'accident pour le compte de l'hôpital.
"Il y a un doute sur ce dossier. Pas sur ma cliente qui assume à hauteur de ses responsabilités, mais sur la clinique" et son fonctionnement, a jugé mardi son avocate, Me Florence Hegoburu.
L'audience de la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Pau a notamment évoqué une vidéo-conférence, tenue le 29 septembre, entre l'accident et le décès de la patiente, au cours de laquelle le groupe Kapa Santé, qui gère la clinique privée d'Orthez, voisine de l'hôpital public, aurait demandé au médecin belge de ne pas parler aux gendarmes.
"L'enquête ne fait que commencer, quatorze dossiers de personnes décédées récemment dans la clinique ont été saisis" pour déterminer si des fautes ont été commises, avait indiqué le président de la Cour, Louis Parant.
A l'issue d'une procédure engagée bien avant le drame, l'Agence régionale de santé d'Aquitaine (ARS), dont le siège est à Bordeaux, devrait se prononcer prochainement sur la fermeture définitive de la maternité d'Orthez, en butte à des difficultés chroniques de recrutements d'obstétriciens.
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