Les marchés financiers ont perdu pied mercredi, déboussolés par la résurgence des peurs sur la zone euro, la publication de mauvais chiffres faisant craindre une reprise américaine pas si solide que cela et l'apparition de nuages venus de Chine.
Le feu couvait depuis plusieurs jours mais l'incendie s'est déclenché à Wall Street, qui a subitement décroché dans l'après-midi, allant jusqu'à perdre plus de 2% et provoquant une débâcle en Europe.
La Bourse de Paris a concédé 3,63% en clôture, Francfort 2,87%, Londres 2,83% et Milan 4,44%. Athènes s'est effondré de 6,25%.
"C'est une panique irraisonnée qui intervient dans un mouvement de baisse à l??uvre depuis quelques séances", a résumé pour l'AFP Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
"Les marchés américains étaient déjà attendus en baisse à l'ouverture avant même ce triple loupé sur les indicateurs américains, mais une fois la cloche sonnée (pour marquer le début de la séance), ce fut une mer de rouge", à mesure que les indices chutaient, a commenté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, à Londres.
Trois indicateurs ont été publiés mercredi outre-Atlantique et tous les trois ont été mauvais: les ventes de détail ont marqué en septembre leur premier recul depuis janvier, l'activité industrielle a fortement ralenti dans la région de New York et les stocks des entreprises ont progressé.
L'économie américaine semble s'inscrire sur "une trajectoire de croissance modeste", a commenté Steven Ricchiuto de Mizuho Securities.
Problème: l'économie américaine est le moteur de l'économie mondiale, dont la montée en régime permettait de compenser un peu les ratés en Europe.
Depuis le début du mois, les Bourses reculaient à mesure que grossissaient les doutes sur la zone euro, engluée entre stagnation et déflation.
De mauvais indicateurs allemands ont alimenté la spirale négative, le roc allemand apparaissant fissuré.
"Ce fut un carnage aujourd'hui sur les marchés européens, frappés par un torrent de déception", pour M. Hewson.
Les marchés "attendent plus de la part de l'Europe" confrontée à "la baisse de la croissance, la baisse de l'inflation et le ralentissement récent de l'Allemagne", a commenté pour l'AFP Alexandre Baradez, analyste chez IG France.
"Cela ne va pas bien, notamment en Europe, mais essentiellement parce que les marchés ne savent pas où on va", selon M. Dembik.
Les investisseurs, fuyant les marchés actions, se sont rués sur certains des actifs les plus sûrs du monde, les obligations à 10 ans américaines, allemandes, et dans une moindre mesure, françaises qui ont vu leur rendement --qui évolue en sens inverse de la demande -- casser des planchers.
A contrario, les titres des pays périphériques et fragiles ont été délaissés, entraînant de fortes hausses des rendements pour la Grèce, l'Espagne ou l'Italie.
- Banques centrales en rempart -
Classiquement, l'or, traditionnelle valeur refuge, montait nettement à 1.244 dollars l'once.
Mais la retraite reste pour l'instant à peu près ordonnée, les grandes banques centrales, Réserve fédérale américaine et Banque centrale européenne, ayant tout fait jusqu'ici pour soutenir leurs économies.
"Un krach ne pourrait intervenir que si les banques centrales, comme la Fed et la BCE, brouillent du jour au lendemain les signaux", relève M. Dembik.
Mais au delà du phénomène de baisse, les performances des marchés traduisent avant tout le sentiment général que l'économie mondiale est fragile, comme l'a souligné la semaine dernière le Fonds monétaire international en révisant à la baisse ses prévisions de croissance, et que les risques sont nombreux, comme l'épidémie Ebola par exemple.
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