La garde à vue d'un homme relié par son ADN à l'affaire des trois disparues de la gare de Perpignan pourrait mettre fin à une énigme criminelle de près de vingt ans qui a traumatisé toute une ville.
Un homme de 54 ans a été interpellé mardi à Perpignan et placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les disparitions de trois femmes près de la gare de Perpignan entre 1995 et 1998, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Les hommes du SRPJ de Montpellier l'ont interpellé à son domicile vers midi, précise le site du journal le Midi Libre, premier à révéler l'information.
Deux corps seulement, affreusement mutilés, avaient été retrouvés: des rapprochements entre les ADN recueillis sur l'une des scènes de crime et celui de cet homme fiché pour des agressions sexuelles ont débouché sur son interpellation.
Toutefois, l'affaire a connu suffisamment de rebondissements et d'espoir déçus depuis les drames pour rester prudent. Et de source proche de l'enquête, on indique que les prélèvements n'on révélé que des "ADN partiels".
Ces prélèvements sur les corps mutilés de Mokhtaria Chaïb et de Marie-Hélène Gonzalès, assassinées en décembre 1997 et juin 1998, ont été analysés à plusieurs reprises mais ce n'est qu'en 2013 qu'un nouveau laboratoire a réussi à isoler deux ADN masculins inconnus sur une des scènes de crime.
Mokhtaria Chaïb, étudiante de 19 ans a été retrouvée morte le 21 décembre 1997 en bordure d'un terrain vague de Perpignan, atrocement mutilée, ses seins et son appareil génital ayant été prélevés de façon quasi-chirurgicale.
Marie-Hélène Gonzalez a été retrouvée morte à Perpignan, mutilée et décapitée, le 26 juin 1998 à l'âge de 22 ans.
Plusieurs suspects avaient été mis en cause au début de l'enquête dont un faux médecin péruvien incarcéré pour le meurtre de Mlle Chaïb, puis libéré après le meurtre de Marie-Hélène Gonzales.
Ces deux assassinats, intervenus deux ans après la disparition de Tatiana Andujar, une lycéenne de 17 ans, ont traumatisé Perpignan pendant des années.
- Tueur en série? -
Un tueur en série, s'en prenant aux jeunes filles brunes, a-t-il sévi aux abords de cette gare ou plusieurs criminels sont-ils liés à ces disparitions, s'interroge-t-on encore.
Les enquêteurs ont cru plusieurs fois tenir un suspect, notamment en 2000 lorsqu'on arrêta à Lyon un Espagnol qui venait de tuer et découper en morceaux l'homme qui l'hébergeait. Il avait vécu à Perpignan à l'époque des meurtres.
Un peu plus tard, les enquêteurs avaient été intrigués par Marc Delpech, arrêté pour le meurtre en 2001 d'une jeune femme brune, Fatima Idrahou, qui avait résisté à ses avances. Il collectionnait les coupures de presse sur les disparues de Perpignan et avait ébauché un roman intitulé "Tatiana", dans lequel un homme repérait et prenait en stop près de la gare une lycéenne brune.
Condamné en 2004 à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le viol de Fatima, il n'a pas été poursuivi pour les autres disparitions.
Les premiers retours d'analyse d'ADN en 2013 ont écarté les suspects déjà envisagés.
L'avocat des victimes, Me Etienne Nicolau, comptait alors "sur un coup de pouce du destin ou sur une erreur du criminel" pour qu'un jour un ADN mis en évidence dans une autre affaire corresponde à ceux de Perpignan. Interrogé mardi par une correspondante de l'AFP, Me Nicolau a déclaré: "Je crois que les policiers n'ont pas placé cet homme en garde à vue par hasard, la piste qui est suivie est sérieuse".
L'interrogatoire, qui a débuté mardi en fin d'après-midi, devrait permettre de vérifier si le quinquagénaire a joué ou non un rôle dans les meurtres de Mokhtaria, de Marie-Hélène, voire dans la disparition de Tatiana.
Perpignan a été le théâtre d'une autre retentissante affaire de disparitions: celles de Marie-Josée Benitez et de sa fille Allison, le 14 juillet 2013. Les enquêteurs sont convaincus qu'elles sont mortes mais le suspect numéro un, leur mari et père Francisco Benitez, s'est suicidé en clamant son innocence.
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