L'agence de notation Fitch Ratings a, à son tour, menacé mardi d'abaisser la note de la France d'ici décembre en raison des difficultés du pays à réduire son déficit.
Fitch a placé la note de la dette de la France sous surveillance négative, ce qui signifie que cette dernière pourrait être prochainement abaissée.
Il n'était pas prévu que cette agence s'exprime sur la France mardi, mais compte tenu du contexte budgétaire français elle a décidé d'utiliser la possibilité qui est donnée aux agences de notation de s'affranchir des règles européennes obligeant à dévoiler à l'avance la date de communication sur la note d'un pays.
Fitch précise qu'elle prendra sa décision d'abaisser ou non la note d'ici le 12 décembre, date prévue du prochain examen de la France pour cette agence.
L'agence, qui attribue pour l'heure la note de "AA+" à la France soit la deuxième meilleure possible, a pris cette décision en raison des difficultés du pays à réduire son déficit, en particulier au vu du budget pour 2015 présenté en début de mois.
Selon elle, la crédibilité budgétaire de la France est "affaiblie", du fait des écarts récemment pris par rapport à ses objectifs et à ceux fixés par Bruxelles. "C'est la seconde fois que le gouvernement français repousse l'objectif européen d'une réduction du déficit à 3% (du PIB, NDLR), depuis la fin de 2012", écrit Fitch.
Et ce malgré la mise en place d'un Haut conseil des finances publiques, organe indépendant chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires, ainsi que des engagements pris par le pays.
L'agence de notation prévient qu'elle pourrait passer à l'acte, via un abaissement de la note d'un cran, si aucune amélioration n'est constatée dans la maîtrise de la dette publique une fois que la Commission européenne aura donné son avis sur le budget de la France.
Fitch indique qu'elle sera très attentive à toute nouvelle mesure de réforme structurelle qui serait annoncée par le gouvernement d'ici décembre.
L'agence concède que le dérapage du déficit français s'explique largement par une croissance poussive et une faible inflation, mais cela n'empêche pas selon elle que la Commission pourrait bien exiger de nouvelles réformes ou davantage d'austérité budgétaire.
- "Le gouvernement maintient son cap" -
Le ministre des Finances français Michel Sapin a rapidement réagi à l'annonce de Fitch dans un communiqué en prenant note de cette décision et en réaffirmant "la qualité de la signature de l'Etat français".
"Dans une situation économique européenne difficile, le gouvernement maintient son cap", indique-t-il, rappelant les 21 milliards d'économies décidées pour 2015 et la poursuite de réformes.
La France, qui ne sera pas en mesure de ramener son déficit public sous 3% en 2015, est déjà dans le viseur des deux autres grandes agences de notation.
Standard and Poor's avait lancé vendredi dernier un avertissement au pays, qui pourrait voir sa note actuellement à "AA" baisser si elle n'entreprend pas des réformes vigoureuses ou se retrouve prise dans la nasse de la déflation.
De son côté, Moody's avait maintenu mi-septembre le "Aa1" du pays tout en réaffirmant qu'une dégradation n'était pas exclue à l'avenir.
Le paradoxe veut que l'annonce de Fitch intervienne le jour où le taux d'emprunt à 10 ans de la France a atteint un nouveau plus bas historique sur le marché, à 1,195%.
Les investisseurs ont eu tendance à ignorer les décisions des agences de notation et ce depuis la perte du triple A de Standard and Poor's en 2012.
Pour les marchés, la dette de la France a l'avantage d'être plus rémunératrice que celle de l'Allemagne, qui rapporte peu, sans pour autant prendre beaucoup plus de risques en prêtant à Paris.
Si les taux bas sont une aubaine, toute remontée pourrait néanmoins être préjudiciable à la France, dont les marges de manoeuvre sont réduites.
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