Après quatre semaines de débats, le réquisitoire du ministère public est attendu mercredi au procès de la tempête Xynthia, qui a fait 29 morts à La Faute-sur-Mer (Vendée) en février 2010.
L'ancien maire de la station balnéaire, René Marratier, et son ex-adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, devraient connaître en milieu de journée la peine requise à leur encontre, par le procureur de la République aux Sables d'Olonne, Gilbert Lafaye, qui doivent durer environ trois heures.
Ce réquisitoire sera suivi, jeudi et vendredi, par les plaidoiries des avocats des quatre prévenus, M. Marratier et Mme Babin, mais aussi le fils de cette dernière, Philippe Babin, agent immobilier, et un fonctionnaire, Alain Jacobsoone, poursuivi pour ne pas avoir alerté la mairie des dangers de la tempête qui s'annonçait.
Jugés depuis le 15 septembre, principalement pour "homicides involontaires", ils encourent tous cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Lundi, l'ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, avocate de l'association des victimes, l'Avif, et de 120 parties civiles, avait visé dans sa plaidoirie les élus "cupides" de La Faute-sur-Mer, qui ont fait "le choix commun d'aller vers une urbanisation massive", au mépris des risques d'inondation, que le maire "connaissait parfaitement".
"C'est parce que M. Marratier, Mme Babin () ont passé par pertes et profits cette priorité, et surtout par profits, qu'ils sont renvoyés devant ce tribunal", avait souligné l'avocate, demandant la condamnation des deux anciens élus au nom des "victimes de la cupidité et de l'irresponsabilité de ceux qui ont manqué à leur devoir".
- Débat sur le rôle de l'Etat -
M. Marratier et Mme Babin sont notamment poursuivis pour avoir signé des permis de construire pour des maisons de plain-pied qui auraient dû comporter un étage, en raison du risque fort de submersion de la digue censée protéger les habitations.
Dans ces maisons, ont péri noyées plusieurs des 29 victimes de la violente tempête Xynthia, le 28 février 2010.
Les deux anciens élus ont adopté pendant tout le procès la même ligne de défense : ils n'avaient pas connaissance du risque d'inondation car celui-ci n'a jamais été clairement expliqué par les services "défaillants" de l'Etat, qui avaient en outre validé les permis de construire avant qu'ils ne soient autorisés par la commune.
L'absence des services de l'Etat sur le banc des prévenus a été soulignée à de multiples reprises par la défense, qui a déploré un "débat pas équitable".
L'un des avocats des parties civiles, le bâtonnier Yves-Noël Genty, a également accablé lundi dans sa plaidoirie un "Etat pas à la hauteur de la tâche", pointant du doigt des "négligences" ayant pu jouer un rôle dans ce "drame exceptionnel", même si "ce comportement n'ôte pas la responsabilité personnelle des prévenus".
Le jugement est attendu le 12 décembre.
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