Les manifestants prodémocratie ont affronté la police mardi soir en tentant de prendre le contrôle d'un tunnel et d'une grande avenue de Hong Kong, où les protestataires bloquent des sites depuis plus de deux semaines pour obtenir des élections au suffrage universel.
Des dizaines de policiers, portant des casques et boucliers anti-émeute, ont tenté d'acculer des centaines de manifestants à une entrée du tunnel, selon des images diffusées par la télévision. Un ou deux d'entre eux ont été frappés avec des matraques, selon le journal South China Morning Post, et des manifestants ont affirmé à l'AFP avoir été arrosés de gaz lacrymogène.
Les militants ont dit à l'AFP avoir décidé d'occuper cette avenue après que la police a évacué une autre voie bloquée, sans prévenir. "Nous avons décidé de prendre cette avenue en représailles", a déclaré Jeff Wong, 30 ans. "Le gouvernement refuse de nous parler, donc nous allons continuer d'occuper les rues jusqu'à ce que nous obtenions un véritable dialogue", a-t-il ajouté.
Alors que la police se retirait, les manifestants commençaient à placer des barrières métaliques à l'intérieur du tunnel, bloquant du même coup le traffic routier sur cette voie, qui court d'est en ouest aux abords des bâtiments gouvernementaux, et qui n'avait jamais été occupée auparavant.
Bravant la tutelle chinoise, les manifestants exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC), craignant une contagion revendicative sur son territoire, entend garder la haute main sur le processus électoral.
Les blocages en place depuis le 28 septembre ont fortement perturbé l'activité à Hong Kong et la vie quotidienne des plus de sept millions d'habitants de ce territoire semi-autonome enclavé à l'extrême sud de la Chine, qui connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
- Manifestants en pleurs -
Les frondeurs du "mouvement des parapluies",accessoir qu'ils arborent, se sont d'abord attirés la sympathie du public mais les embouteillages, la congestion des transports en commun, la fermeture des écoles et des commerces ont fini par lasser.
Des heurts parfois violents ont également opposé des manifestants à des hommes soupçonnés d'être les gros bras des triades, accusés par le mouvement prodémocratie d'agir à l'instigation des autorités.
Dans un effort pour réduire l'étendue du territoire aux mains des protestataires, des centaines de policiers ont commencé mardi à détruire les amas d'acier, de plastique et de bois érigés sur deux des trois sites occupés par les manifestants.
La police a averti que ce serait bientôt au tour de Mongkok, dans la partie continentale de Hong Kong, d'être visé par les opérations de démantèlement.
A Causeway Bay, un quartier de commerces de luxe prisé des touristes chinois, environ 150 policiers ont démantelé à l'aube une partie des barricades tout en autorisant les protestataires à rester sur leur campement. L'opération d'évacuation a permis l'ouverture d'une voie de circulation en direction du centre-ville, vers l'ouest.
Quelques heures plus tard commençait l'opération de démantèlement à Admiralty, près du siège du gouvernement, théâtre la veille de premiers efforts de la police pour détruire les barricades. Des dizaines d'hommes masqués soupçonnés d'être des hommes de main des triades, munis de couteaux, y avaient également surgi pour tenter de dégager le site, une grande avenue coupée au milieu par deux voies de tramway.
Les manifestants n'ont pas opposé de résistance à ces opérations de police. Certains d'entre eux étaient en pleurs. "Nous allons partir parce que nous n'avons pas les moyens de résister mais nous n'abandonnerons pas", lançait aux policiers une jeune femme au bord des larmes.
Un chef de file des manifestants, Alex Chow, président de la Fédération des étudiants de Hong Kong, est venu apporter son soutien aux irréductibles de Causeway Bay, en appelant le chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, dont les manifestants réclament la démission, à des pourparlers.
Un sondage publié mardi par l'Université de Hong Kong a montré que la cote de popularité du responsable de l'exécutif local avait chuté depuis la fin septembre de 2,6%, à 40,6%, soit le deuxième taux le plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2012.
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