Le parquet s'est opposé mardi à une réhabilitation rapide d'Oscar Pistorius qui tente d'éviter la prison pour avoir abattu sa petite amie, attaquant le portrait peint par la défense d'un être charitable, assumant ses torts et incapable de résister à la brutalité d'une incarcération.
Plus posé que la veille, quand la suggestion d'une peine de travaux d'intérêt général avait déclenché sa fureur, le procureur Gerrie Nel s'en est pris à l'argumentaire d'Annette Vergeer, fonctionnaire des services de probation.
D'une voix haut perchée, celle-ci a expliqué à la barre que "l'accusé n'avait pas agi en récidive", qu'il était "relativement jeune", "sincère dans ses remords", qu'il "avait réalisé la gravité de son infraction" et souffrirait d'un mauvais suivi médical en prison.
"Cela le détruirait davantage", a-t-elle dit, recommandant une amende ou du sursis: "Un accusé ne peut pas être sacrifié pour répondre à la pression de l'opinion".
"Il a les capacités d'être un citoyen utile à la société, et un atout inestimable pour les autres handicapés en particulier les enfants", a-t-elle ajouté.
La veille, le manager de Pistorius Pete van Zyl avait cherché lui aussi à réhabiliter le sportif, détaillant sa disponibilité de coeur et d'esprit, et même financière, pour aider à améliorer la vie des enfants nés comme lui avec un grave handicap.
Pour un athlète de haut niveau, se consacrer à de grandes causes comme celle des enfants handicapés, "ça n'a rien d'original", a soutenu mardi le procureur Gerrie Nel, durant le contre-interrogatoire du manager de Pistorius, Pete Van Zyl.
"C'est simplement une étape de carrière", a-t-il affirmé, rappelant que Pistorius était tantôt invité, tantôt rémunéré, tantôt honoré par les multiples sollicitations reçues avant qu'il ne tue sa petite amie Reeva Steenkamp en 2013.
"Je pense que beaucoup de sportifs veulent apporter leur contribution et changer les choses", a rétorqué M. Van Zyl.
"Mais c'est juste du bonus, un à-côté", a raillé M. Nel.
- Retour à la compétition? -
Sans péroné à la naissance, Pistorius a été amputé des pieds à l'âge de 11 mois et équipé de prothèses. Il court équipé de lames de carbone lui valant le surnom de "Blade Runner" (le coureur aux lames).
L'athlète s'apprêtait à lancer sa propre fondation quand il a abattu Reeva Steenkamp venue passer la nuit de la Saint-Valentin chez lui en 2013.
En septembre, il a été reconnu coupable d'homicide involontaire, la juge Thokozile Masipa estimant que l'intention homicide n'était pas démontrée. L'athlète soutient depuis le début s'être armé pour neutraliser un cambrioleur.
Lundi, un expert du service pénitentiaire sud-africain avait déjà suggéré de le condamner à trois ans d'arrêts domiciliaires et un travail d'intérêt général.
"Pour vous, il est acquis que l'accusé veut reprendre sa carrière d'athlète?", a demandé M. Nel à ce travailleur social cité par la défense, obtenant un "oui" catégorique. Sur ce point, le manager de Pistorius est resté plus évasif, mais sans rien n'exclure.
La juge Mme Masipa, sous forte pression dans ce procès intégralement retransmis en direct à la télévision, pourrait annoncer la sentence dès vendredi, a indiqué une source proche du parquet à l'AFP.
Motif de gloire nationale pendant des années en Afrique en Sud, alliant le glamour d'un sourire de play-boy à une réussite sportive hors norme, le nom d'Oscar Pistorius est désormais associé au jugement très controversé rendu en sa faveur.
Beaucoup, y compris dans le monde judiciaire, ont été surpris qu'il échappe au verdict de meurtre, estimant que le champion savait qu'il risquait de tuer quelqu'un lorsqu'il a tiré quatre fois à balles expansives sur la porte fermée de ses WC où se trouvait, non pas un cambrioleur, mais sa petite amie.
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