Le grand ménage continue dans les cercles de jeux: la police a fait mardi une descente dans un club de poker parisien où une dizaine de personnes ont été placées en garde à vue pour un possible blanchiment d'argent.
C'est désormais presque une habitude: des policiers par dizaines, des clients médusés, des perquisitions en série Mardi matin, les policiers des Courses et jeux de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ont effectué une nouvelle descente dans un cercle de jeux parisien, un mois après celle visant le prestigieux et plus important d'entre eux, l'Aviation club de France (ACF), sur les Champs-Elysées.
Huit personnes avaient été placées en garde à vue, dont le dirigeant d'ACF Marcel Francisci. Ce dernier avait été mis en examen avec trois autres pour "travail dissimulé" et "abus de confiance". L'établissement a été fermé, provoquant la semaine dernière un rassemblement des salariés et clients d'ACF en colère.
Cette fois, il s'agit du cercle Cadet, spécialisé dans les tournois de poker et employant une centaine de personnes dans la rue éponyme du centre de Paris.
Les policiers agissent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en juillet 2013 pour extorsion en bande organisée, abus de confiance, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée, a précisé une source judiciaire.
Selon des sources proches de l'enquête, les policiers soupçonnent le dirigeant du cercle, qui possède des brasseries dans la capitale et à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), d'avoir blanchi de l'argent et effectué des "montages financiers audacieux" entre le Cadet et ses restaurants. Il aurait notamment investi dans l'immobilier au Maroc, ont dit les mêmes sources.
Une quinzaine de personnes ont été interpellées et une dizaine placées en garde à vue dans les locaux des policiers à Nanterre (Hauts-de-Seine).
- Lieux mythiques de la nuit parisienne -
Le dirigeant de Cadet, lui-même en garde à vue, avait repris ce cercle il y a quelques années sur les cendres et dans les lieux mêmes du cercle Concorde disparu après une série d'affaires retentissantes mêlant milieu et finances. Un "classique" dans les cercles, dit un enquêteur ajoutant que cette nouvelle affaire s'inscrit dans le cadre d'un "grand ménage" que le gouvernement entend mener surfant sur des affaires judiciaires en cascade.
Cadet avait abandonné les machines à sous qui avaient fait la réputation - et causé la perte - de Concorde pour les tournois de poker.
Lieux mythiques de la nuit parisienne depuis plus de soixante ans, les cercles de jeux ont vécu des moments difficiles, marqués par des scandales à répétition ou des fermetures administratives.
Depuis 2008, sept cercles - dont Concorde - ont été fermés sur les dix que comptait Paris. Les procès se sont succédé avec souvent en arrière-plan la Corse et le grand banditisme. Selon la police, ils attirent les voyous car ils brassent des montagnes d'argent liquide et sont soumis à une législation souple et ancienne.
En 1947 les cercles ont été institués en association de type loi 1901 contrairement aux casinos, soumis à des règles très strictes. A but non lucratif, ils ont obligation de reverser une partie de leurs gains à des associations, humanitaires par exemple.
Cela donne lieu à des "abus", ont observé des rapports officiels et les policiers des Courses et jeux qui ont pour mission de les contrôler et se sont eux-mêmes parfois brûlés les ailes à leur contact.
Le service central des courses et jeux a ainsi été remanié en 2013 pour faire le ménage. Ces affaires pourraient précipiter la publication d'un décret gouvernemental qui réformera "en profondeur" le statut des cercles sur le modèle des casinos.
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