Un budget sécurisé pour les transports, et des outils pour la construction de logements : Manuel Valls a souhaité lundi faire passer le vaste chantier du Grand Paris du temps des "promesses" à celui de la "concrétisation".
Le Premier ministre a aussi assigné à la métropole un grand projet fédérateur, en annonçant le soutien de l'Etat à une candidature du Grand Paris pour l'organisation de l'Exposition universelle 2025.
"Les projets doivent maintenant sortir de terre", a affirmé M. Valls, à l'occasion d'un déplacement sur le site de Créteil-L'Echat, où sera construite une des gares de la ligne 15 du Nouveau Grand Paris.
Le Premier ministre, qui avait dévoilé en juillet sa feuille de route pour la "région capitale", a tenu d'abord a rassurer sur le financement des projets de transport du Grand Paris.
"L'Etat a décidé de mobiliser des financements sans précédent. J'ai entendu, cher Jean-Paul Huchon, vos remarques, vos attentes, vos exigences même. Je vous confirme que l'Etat apportera 1,4 milliard d'euros à la mise en ?uvre du plan de mobilisation sur la période 2015-2020", a dit M. Valls devant un parterre d'élus, dont le président PS de la région Ile-de-France.
La région se verra en outre "affecter, dans le cadre de la loi de finances pour 2015, 140 millions d'euros de recettes nouvelles, pour la réalisation du plan de mobilisation". Si M. Valls n'en a pas dit davantage, deux pistes sont selon M. Huchon à l'étude : une refonte de la taxe sur les locaux à usage de bureaux, et une hausse de la taxe spéciale d'équipement.
Ce point était particulièrement attendu, après l'abandon cet été de l'idée d'une taxe régionale de séjour de deux euros par nuitée pour abonder le budget de la région.
Le Premier ministre a par ailleurs confirmé l'accélération du calendrier de réalisation des lignes desservant les aéroports, et de la liaison entre Orly et Saclay, avec un achèvement prévu à l'horizon 2024 au lieu de 2027.
Deuxième volet des annonces gouvernementales: le logement. Le Premier ministre a annoncé la création d'une Opération d'intérêt national (OIN) "multi-sites", qui permettra à l'Etat de s'investir directement dans l'aménagement d'une vingtaine de sites.
Cinq ont d'ores et déjà été choisis, totalisant un potentiel de 18.500 logements selon un document transmis par la région. Une quinzaine d'autres seront annoncés d'ici la fin de l'année.
Cette OIN sera pilotée par l'Agence foncière technique de la région parisienne, opérateur historique de l'Etat, renommée Grand Paris Aménagement. "On peut être dans une République décentralisée () et en même temps voir l'Etat prendre ses responsabilités", a souligné M. Valls.
- Échelon supplémentaire -
Très attendu sur le volet institutionnel, après l'adoption la semaine dernière par les élus franciliens d'un texte proposant une réécriture partielle du cadre législatif de la Métropole du Grand Paris, Manuel Valls n'a pas hésité à froisser quelques sensibilités.
S'il a pris "acte du vote" des élus, et admis tant la nécessité d'une "plus forte progressivité dans la mise en ?uvre des compétences de la Métropole" qu'une certaine autonomie fiscale des territoires qui la composeront, il a appelé à ne pas perdre "de vue les principes de la réforme territoriale".
"Les Français et les habitants du Grand Paris ne comprendraient pas la création d'un échelon supplémentaire, alors que cette réforme vise la simplification; ils ne comprendraient pas non plus que l'objectif d'harmonisation fiscale et de solidarité soit mis de côté. La création de la Métropole doit permettre à terme le transfert de l'ensemble de la fiscalité économique", a-t-il asséné.
M. Valls a conclu ce chapitre en soulignant l'"évidence" d'une disparition, déjà évoquée par son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, des conseils généraux à l'horizon 2020, "ici sans doute plus qu'ailleurs".
Dans un registre plus consensuel, M. Valls a affirmé son ambition de construire une métropole "dynamique mais aussi solidaire", "innovante et inclusive". "Le Grand Paris ne se construira pas en +clusters+ (pôles économiques) spécialisés", a déclaré le ministre, se démarquant de la vision portée par Christian Blanc sous la présidence de M. Sarkozy.
Un nouveau comité interministériel sur le Grand Paris sera réuni au premier semestre 2015, afin de traiter les enjeux sociaux, culturels, sportifs et de transition énergétique.
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