Infirmiers, sages-femmes, ambulanciers ou secrétaires médicales: des dizaines de milliers d'employés du service public de santé britannique (NHS) ont observé lundi un arrêt de travail de quatre heures pour réclamer une hausse de salaire, une grève inédite depuis 1982 et les années Thatcher.
Aucun chiffre de participation n'avait été publié à la mi-journée par les syndicats ou le gouvernement, mais la presse britannique évoquait entre plusieurs dizaines de milliers et plusieurs centaines de milliers de grévistes.
A l'origine de ce mouvement social, la décision du ministre de la Santé Jeremy Hunt de faire fi de la recommandation d'un organisme indépendant d'augmenter de 1% les salaires.
"Nous devons faire ce qui est le plus raisonnable pour les patients et il serait irresponsable pour un ministre de la Santé d'accepter (des hausses de salaire) qui provoqueraient des suppressions de postes d'infirmiers", a déclaré lundi matin le ministre sur la BBC 4.
"Si nous faisions ça, les directeurs d'hôpitaux devraient congédier 4.000 infirmiers cette année, et environ 10.000 l'année prochaine", a-t-il affirmé.
Des arguments jugés peu convaincants par les syndicats face aux performances de l'économie britannique, attendue en croissance de plus de 3% en 2014, et aux sacrifices consentis ces dernières années, contraignant 20% d'entre eux à prendre un deuxième emploi selon une enquête d'Unison, l'un des principaux syndicats de salariés du NHS.
Devant l'hôpital St Mary de Londres, une dizaine de grévistes se sont rassemblés, malgré la pluie, pour distribuer des tracts réclamant un "salaire juste".
"Nous voulons que le gouvernement réalise que nous travaillons dur, et dans des conditions très difficiles. Et nous voulons être payés de manière correcte", a déclaré à l'AFP Karen Buonaiuto, une infirmière pédiatrique tenant à la main un drapeau de l'Unison
"Les ministres ont des augmentations, les salariés du secteur privé ont des augmentations () et nous, nous ne pouvons même pas avoir 1% en plus", a renchéri Johanna Marchadour, une physiologiste.
Ce gel des salaires équivaut pour les salariés "à trois ans de factures de gaz et d'électricité", a affirmé Jon Skewes, un responsable du Royal College of Midwives, un syndicat de sages-femmes dont l'appel à la grève était le tout premier en 133 ans d'existence.
- Une marche pour les salaires -
Malgré la grève et l'exaspération des syndicats, le ministère de la Santé ne semble, pour l'heure, guère disposé à plier. M. Hunt a toutefois indiqué qu'il accepterait de rencontrer les syndicats pour discuter de la manière de réformer le système de rémunérations des employés du NHS.
Et, sans doute soucieux de les ménager, le ministre n'a pas manqué de leur rendre hommage. "Je reconnais bien volontiers que les employés du NHS effectue un travail magnifique. Nous avons plus de 650 volontaires qui sont prêts à prendre des risques pour aider à lutter contre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest", a-t-il dit.
Véritable institution en Grande-Bretagne, le NHS (National Health Service) a été créé en 1948 par un gouvernement travailliste et garantit un service de soins gratuits à tous les résidents du pays.
Cette formidable machine compte plus de 1,2 million d'employés et seules l'Armée populaire de Chine, la compagnie de chemin de fer indienne et la chaîne américaine de supermarchés Wal-Mart emploient davantage de personnel dans le monde, selon l'administration britannique.
Lundi, neuf syndicats avaient appelé à un débrayage de quatre heures entre 07H00 et 11H00 (06H00 et 10H00 GMT), qui n'a toutefois pas affecté les services d'urgence. Le mouvement social concerne tous les employés du NHS en Angleterre et Irlande du Nord, à l'exception des médecins et dentistes.
Les employés de la santé devraient poursuivre leur action tout au long de la semaine avec une grève du zèle, avant de s'associer à une marche pour les salaires organisée samedi à Londres à l'appel de la Trade Unions Congress, la confédération syndicale britannique.
Ce mouvement social rarissime, largement soutenu par le public, intervient à seulement sept mois des élections législatives, et devrait donner du grain à moudre au parti travailliste, qui accuse régulièrement les conservateurs au pouvoir de mener une privatisation rampante du NHS.
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