Après des mois de lutte contre Ebola, les personnels de santé du Liberia, le pays le plus frappé par l'épidémie, ont menacé de durcir leur grève lundi pour obtenir le versement de primes de risque, alors qu'un deuxième cas de contamination hors Afrique a touché les Etats-Unis.
A partir de lundi "nous serons en grève nationale dans tous les hôpitaux et centre de soins, y compris les centres de traitement d'Ebola", a déclaré dimanche à l'AFP le président du syndicat du secteur, Joseph Tamba.
Le Liberia a enregistré à lui seul 2.316 morts de la fièvre hémorragique sur un total de 4.033 dans sept pays, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) vendredi, arrêté au 8 octobre.
Les soignants sont particulièrement vulnérables: 201 d'entre eux ont été contaminés au Liberia, dont 95 sont morts, selon l'OMS. Des dizaines de malades sont morts d'Ebola dans la clinique Island de Monrovia, la capitale, depuis le lancement vendredi d'une grève perlée dans l'établissement, a indiqué de son côté un représentant du personnel, Alphonso Wesseh.
La situation était toutefois difficile à évaluer lundi matin, alors que la plupart des médias ont été bannis des hôpitaux par les autorités libériennes.
Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires ont confirmé dimanche la première infection par Ebola contractée dans le pays, par une soignante d'un hôpital texan où un Libérien infecté est décédé, l'attribuant à une faille du protocole de protection.
L'annonce de cette deuxième contamination hors-Afrique - après un premier cas en Espagne - a ravivé les craintes sur la capacité des Etats à contenir la plus grave épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest depuis l'identification du virus en 1976, et sur les mesures de protection adoptées.
Aucun vaccin ni traitement homologué n'existe pour l'instant contre le virus, qui se transmet par contact direct avec des fluides corporels lorsque le malade a développé les symptômes (fièvre, vomissements, courbatures, douleurs). Les personnels soignants sont équipés de tenues de protection.
- "Une faille dans le protocole" -
La soignante américaine travaillait au centre hospitalier Texas Health Presbyterian de Dallas, qui avait accueilli le Libérien Thomas Eric Duncan, décédé le 4 octobre. Elle faisait partie de l'équipe qui l'a traité après son hospitalisation le 28 septembre.
"Nous ignorons ce qu'il s'est passé () mais à un certain moment, il y a eu une faille dans le protocole qui a causé l'infection", a jugé le docteur Thomas Frieden directeur du CDC.
La soignante, qui a requis le strict anonymat, a de son côté assuré avoir respecté le protocole, et l'hôpital de Dallas a insisté sur le fait qu'elle portait l'équipement (masque, gants, tenue de protection) recommandé par les CDC.
Elle se trouvait dimanche dans un "état stable", présentant de "légers symptômes" et une "faible fièvre", selon des sources médicales.
Dans un entretien téléphonique avec la ministre de la Santé Sylvia Burwell, le président Barack Obama a demandé que les résultats de l'enquête sur les circonstances de cette infection soient "rapidement et largement" partagés.
Un autre malade américain, infecté au Liberia, le caméraman de NBC Ashoka Mukpo, a lui effectué de "gros progrès". "Il répond bien aux traitements", a souligné dimanche le Dr Phil Smith, du Nebraska Medical Center d'Omaha où est traité.
La soignante américaine est la deuxième personne contaminée hors d'Afrique, après Teresa Romero, une aide-soignante espagnole de 44 ans, qui avait contracté à Madrid le virus en soignant un missionnaire mourant rapatrié de Sierra Leone. Cette dernière a peut-être touché son visage avec un gant infecté, selon l'hôpital où elle est soignée depuis lundi dernier.
Sa santé s'améliore avec une diminution de la charge virale, a annoncé dimanche Fernando Simon, directeur du Centre d'alertes sanitaires et de secours espagnol. Il y a "un certain espoir" car elle n'a plus de fièvre, a-t-il relevé, prônant néanmoins la prudence car son état reste "grave mais stable".
Par précaution, de nombreux pays dans le monde multiplient les contrôle aux frontières des voyageurs venant des trois pays les plus touchés - Liberia, Guinée et Sierra Leone.
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