L'Elysée s'est évertué lundi à éteindre la polémique sur une possible réforme anticipée de l'assurance chômage, tandis que le PS soufflait sur les braises, accréditant l'hypothèse de tiraillements au sommet de l'exécutif.
La négociation sur l'assurance chômage "viendra le moment venu" mais "pas immédiatement", a tranché lundi l'Elysée, au lendemain de déclarations du ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Relançant la controverse sur une éventuelle révision du montant et de la durée des allocations, le ministre avait estimé qu'il ne devait "pas y avoir de tabou ni de posture" sur l'assurance chômage.
"L'assurance chômage est en déficit de 4 milliards d'euros; quel responsable politique peut s'en satisfaire?", faisait-il valoir, estimant la réforme actuelle de l'assurance chômage "insuffisante". Il appartient "aux partenaires sociaux () de faire avancer les choses", ajoutait-il.
Sur ce point, l'Elysée est à l'unisson, rappelant que cette négociation relève "de la responsabilité des partenaires sociaux, en lien avec l'Etat".
Mais le palais présidentiel l'a également souligné, comme pour mieux temporiser: une convention a été signée en 2014 et une "date a été fixée par les partenaires sociaux pour un nouveau rendez-vous en 2016".
Quoi qu'il en soit, c'en est déjà trop pour le PS et la gauche de la gauche, toujours prompte à discerner des tentations libérales et des accointances patronales dans les propos d'Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires chez Rothschild.
"Je ne sais pas ce que j'ai de commun avec Monsieur Macron. Avant, il était dans sa banque, ni au PS, ni au Parlement", a ainsi réagi la sénatrice PS de Paris de Marie-Noëlle Lienemann, tandis que le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, fustigeait la remise en cause d'un "acquis social" par le "banquier" Emmanuel Macron.
- 'Marche en crabe' -
Quant à l'ancien ministre de l'Education nationale Benoît Hamon, il a vu dans les propos du ministre des "initiatives prises de manière désordonnées" qui "désarçonnent les partenaires sociaux" et "inquiètent celles et ceux qui sont au chômage".
Réaction toute aussi sèche dès dimanche du Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis: "La gauche n'a pas de tabous, mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s'exprime, les ministres appliquent".
François Hollande avait lui-même souligné jeudi qu'il y avait "suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l'emploi".
Il donnait déjà l'impression de recadrer le Premier ministre, Manuel Valls, selon lequel la question du montant et de la durée de l'indemnisation chômage en France devait "être reposée".
"Entre le couac sur l'écotaxe, le désaccord sur l'assurance chômage, les radicaux de gauche sur le départ, ça n'arrête pas depuis la rentrée", déplore un proche du chef de l'Etat.
Sur le fond, observe-t-il cependant, "on ne peut pas laisser les déficits s'accumuler, faire comme s'il n'y avait pas de problèmes" sur l'assurance chômage dont le déficit ne pourrait être résorbé que de deux manières: "diminuer la dépense dans son montant ou dans sa durée" ou "augmenter les cotisations", une solution qui "n'est pas dans l'air du temps".
Quant à l'Etat, s'il "n'est pas partie prenante" de la négociation entre partenaires sociaux, il pourrait refuser d'agréer leur accord et les contraindre à le renégocier, ce qu'aurait voulu dire Emmanuel Macron entre les lignes, décrypte-t-il.
D'où, toujours selon ce proche de François Hollande, l'impression de "marche en crabe" donnée par l'exécutif avec d'un côté un Premier ministre et un gouvernement qui "montent au front" pour faire pression sur les partenaires sociaux et rassurer Bruxelles sur les réformes menées en France et de l'autre le chef de l'Etat, tenu à une certaine réserve.
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