La porte s'ouvre, le taureau s'engouffre dans l'arène. A sa poursuite, deux cavaliers s'élancent, l'un lui saisit la queue et s'y agrippe de toutes ses forces pour le faire chuter: c'est le "coleo", sport traditionnel qui vit ces jours-ci son Mondial en Colombie.
Du 10 au 13 octobre, pour le 18ème championnat mondial, la petite ville de Villavicencio, à quelque 90 kilomètres au sud de Bogota, est la capitale de ce rodeo d'un autre genre, qui se pratique aussi au Venezuela, au Mexique et au Brésil.
Chapeau de cow-boy ou casque grillagé vissé sur la tête, les près de 200 participants se succèdent dans l'arène rectangulaire, dans une lutte au corps-à-corps pour faire tomber l'animal, un jeune taureau d'environ 400 kilos, qui bien souvent rebondit lourdement sur lui-même une fois vaincu, avant de se relever un peu hébété.
Parfois c'est le cavalier qui manque de tomber, emporté par le poids de la bête.
Vêtus souvent de ponchos, les participants sont en grande majorité colombiens, mais viennent aussi du Costa Rica, de Cuba, du Mexique, du Panama et du Venezuela.
La tradition de ce sport remonte aux tâches quotidiennes d'élevage parvenues en Amérique latine avec les conquistadors espagnols.
"Pour moi, cela signifie beaucoup car je suis né dans le Llano", une longue étendue de plaine qui s'étend entre Colombie et Venezuela, raconte à l'AFP Angel Zambrano, éleveur colombien de 61 ans et quatre fois champion du monde de coleo. Il se rappelle que la compétition se déroulait autrefois dans les rues des villages.
"C'est un des sports les plus beaux, parce que c'est dangereux", dit aussi Gustavo Vargas, maréchal-ferrant de 26 ans qui, "pour amour des chevaux", a dessiné au rasoir une tête de cheval dans ses cheveux.
Tous deux visent le premier prix du tournoi de coleo, qui ne compte que des participants masculins: 20.000 dollars.
- Les défenseurs des animaux mécontents -
Ce championnat mondial, né en 1997, a pris de l'importance au fil des années et est désormais une des attractions touristiques de la Colombie.
Il ne fait toutefois pas l'unanimité: "nous avons eu quelques difficultés avec les défenseurs des animaux qui ne sont pas d'accord avec cette activité car ils croient qu'il y a maltraitrance de l'animal", explique Julio Eduardo Santos, le fondateur de la compétition.
Pour le vétérinaire et spécialiste de zoologie Andrés Valencia, dans le coleo, il ne s'agit pas de faire mal de manière intentionnelle, comme dans les corridas. "Ici, il n'y a pas blessures avec des objets pointus, on ne cherche pas à tuer l'animal".
"Ce dont souffre le plus le taureau, c'est du stress", admet-il, expliquant que les fractures restent rares. Si elles se produisent, la bête est sacrifiée pour éviter qu'elle souffre.
"Le coleo est d'une grande cruauté et un abus de pouvoir, car on choisit l'animal qui est le plus sans défense (comme c'est un jeune taureau, ndlr) pour lui causer de la douleur", rétorque l'association de défense des animaux AnimaNaturalis sur son site internet.
"Si l'on commençait par se mettre à la place du jeune taureau, on comprendrait que l'abolition de ce genre de choses aurait dû se faire il y a des années", ajoute-t-elle.
Pour Henry Vaca, éleveur colombien de 39 ans, c'est au contraire "quelque chose de très sain": "c'est une manière de préserver ce qui est à nous".
"C'est une tradition qui devrait perdurer dans le temps", renchérit Victor Yélamo, jeune avocat vénézuélien, racontant qu'il pratique le coleo depuis qu'il a cinq ans.
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